BORIS BERTOLT
Chers compatriotes et amis, je commencerai par vous souhaiter à chacun ainsi qu’à vos familles respectives une bonne et heureuse année 2020 ainsi qu’une meilleure décennie. Spécialement à tous ceux qui aspirent à un Cameroun nouveau qui fera la fierté de ses fils et filles, à tous les résistants, aux tontinards, que cette décennie soit celle de la libération du Cameroun de cette violentocratie qui a érigé la brutalité, la barbarie et la sauvagerie en mode de gouvernance politique. La philosophe marxiste polonaise Rosa Luxemburg écrivait : « Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaines ». Bougeons-nous désormais autant que possible pour nous libérer de nos chaînes. Comment ? En poursuivant la résistance.
DE LA RÉSISTANCE
L’année qui s’achève aura été une année difficile, mais déterminante dans
l’entreprise de Chassement de la satrapie. Personnellement, je n’ai pas eu de
vie. Cela valait-il la peine ? Certainement. J’ai personnellement vécu
l’arrestation de Maurice Kamto que je suis particulièrement depuis 2013 et son
emprisonnement comme une tragédie. Arrêter un homme aussi policé, pacifique,
intègre, l’un des meilleurs intellectuels de la planète était inacceptable et
inconcevable. L’arrestation de Maurice Kamto n’était pas seulement un coup d’État
contre le monde académique, une violation des lois de la République du Cameroun
et du droit international, une atteinte grave aux libertés, à la démocratie,
une démocratisation de la barbarie. C’était peut-être du brutalisme pour
reprendre l’intellectuel camerounais Achille Mbembe. Mais de mon point c’était
ouvertement du terrorisme.
Les lectures conventionnelles voudraient que le terrorisme soit uniquement perçu comme le fait de groupes marginaux (les rébellions, Boko Haram, l’État islamique et autres). Mais un État devient terroriste lorsqu’il utilise la violence d’État contre des civils inoffensifs ou ses propres citoyens. L’État du Cameroun est donc devenu officiellement en 2019 un État terroriste. Dénoncer cette dérive autocratique, ce basculement dans la sauvagerie était devoir patriotique. Une entreprise de sauvetage des acquis des longues luttes entreprises par les pères de l’indépendance et celles de nos aînés des années 1990 parmi lesquels Célestin Monga, Yondo Black, Pius Njawe entre autres. Mais aussi Maurice Kamto qui à cette époque s’était déjà investi pour le retour de la démocratie au Cameroun. Dans ce pays sans politique mémorielle, dont l’oublie est érigée en stratégie d’aliénation quoi de plus normal que de lui retourner l’ascenseur.
Pendant neuf mois, nous avons bataillé comme des spartiates à la conquête d’Athènes. Des romains marchant pour la prise de Constantinople. Je saisis ici l’occasion de rendre un vibrant hommage à tous ces compatriotes qui sont au Cameroun et ont défié la tyrannie. Parmi lesquels mon frère et ami Mamadou Mota qui n’a jamais renié Jesus comme Pierre, Serges Branco Nana, l’humaniste et ces héros encore détenus à Kondengui. Que dire de tous ces jeunes de la Brigade Anti Sardinards dont certains ont pris le désert, mais ont décidé de changer ce pays ? Je pense ainsi à Calibro Calibri, Max Senior Ivoire, Fils du Planteur, Stéphane Tchombou, Dre Bonny et autres. Ils ont monté en Europe l’un des mouvements de résistance les plus importants dans la diaspora. Je ne saurai ne pas mentionner l’apport critique des amazones. Ces femmes qui auraient pu se complaire à s’occuper de leurs enfants, mais qui ont fait du départ de Paul Biya une priorité : Sandy Boston, Mado Kerawo, Annie Tchoko, Blandine Noinin, Winnie Savannah, les twins, Éliane Nkolo, Madie Kom, Salomene Tchaptchet, générale Marcelle et toutes ces amazones que je ne saurai citer ici. Que dire de ces trentenaires dans la lutte pour le changement au Cameroun : Me Amede Touko, Brice Nitcheu, Général Wanto, commandant Kemta et autres, votre expérience ne peut pas s’acheter. Et tous ces Camerounais anonymes qui chaque jour ont donné de leur temps, de leur argent, de leur énergie au nom de la République. À tous, la patrie vous sera reconnaissante. Les changements sont toujours faits par des hommes incompris à leur époque.
Maurice Kamto a été libéré. J’ai pleuré ce jour tout comme j’avais pleuré le jour de son arrestation. Car ce 5 octobre 2019 nous venions de démontrer au monde que rien ne peut arrêter la volonté d’un peuple décidé à se battre pour la liberté. Cependant, est-ce que la résistance devrait marquer un pas ? Que non ! Car la phase 3 a été lancée le 31 décembre 2019 par le président élu Maurice Kamto.
DES STRATÉGIES DE LA RÉSISTANCE
L’erreur à ne jamais faire dans la bataille politique c’est de sous-estimer la capacité de résilience du système Biya, ses réseaux de conservation du pouvoir et son ambition de matérialiser la stratégie du chaos. C’est pourquoi au-delà des axes fixés par le président élu Maurice Kamto (boycott des élections du 9 février 2019 ; libération des prisonniers politiques) ce qui sera déterminant dans la victoire c’est autre rapport personnel au changement. La manière dont chacun d’entre nous appréhende son rôle, sa contribution et son engagement pour la sortie de la grande nuit dans laquelle nous a plongées la voyoucratie de Paul Biya.
Ainsi, le philosophe anglais William Morris écrivait : « Suffisamment d’intelligence pour concevoir, suffisamment de courage pour vouloir, suffisamment de puissance pour contraindre. Si nos idées d’une nouvelle société sont davantage qu’un rêve, ces trois qualités doivent animer la majorité des travailleurs ; et alors, je vous le dis, la chose sera accomplie ». De l’intelligence il s’agit de la subtilité dans nos stratégies d’action. Du courage il est question de surmonter la peur guidée parfois par nos intérêts personnels. De la puissance c’est notre capacité à parler d’une seule voix, de la collectivité. Car si le changement est d’abord individuel, la collectivité est également une force capable de faire tomber y compris les régimes les plus suicidaires de la planète. Et l’histoire apprend beaucoup de choses à ce sujet.
Pour cela, il faut avoir un sens de l’organisation, de l’ambition et de la détermination. Je ne saurai soutenir certaines approches de Patrice Nganang sur les questions politiques au Cameroun, mais je ne peux pas lui dénier dans cette résistance un sens profond de l’ambition et de la stratégie. À César ce qui est à César.
Dès lors il est important déjà que les responsables et militants du MRC dans la diaspora ne se considèrent pas ce parti comme une succursale du renouvellement de l’élite politique au Cameroun. Mais une entreprise de libération nationale. Vous devez vous départir des legs mentaux de la tyrannie de Biya et investir le champ de la lutte de terrain. Car la politique c’est le terrain. Vous devez cesser de vous considérer comme de potentiels fonctionnaires de la politique, mais comme des militants et activistes. Car ce dont le Cameroun et l’Afrique dans cette mondialisation ont besoin ce sont des militants et activistes. Faites du porte-à-porte, écrivez à vos députés dans la diaspora, rencontrez vos maires et sénateurs sur la situation au Cameroun. Organisez des manifestations même avec 4 personnes, des pétitions, élargissez les luttes locales aux communautés africaines. Vous devez agir, agir et agir. Les conférences c’est bien, les réunions, les levées de fonds c’est super, mais la politique c’est le terrain. D’abord le terrain et pour le terrain. C’est pourquoi Maurice Kamto a parcouru tout le Cameroun en 5 mois.
Que dire de la BAS ? Beaucoup d’entre vous ne connaissaient rien et ne comprenaient rien à la politique avant le 7 octobre 2018. En un an vous avez montré au monde que votre amour pour le Cameroun n’a pas de limite. Mais il est temps de professionnaliser votre lutte. Le Dalaï-lama disait : « ouvrez vos bras au changement, mais ne laissez pas s’envoler vos valeurs ». Ces valeurs ne sont pas le kongossa, la haine, les luttes de positionnement, mais le goût de la réussite, la solidarité, l’amour pour la République. Celles-là qui ont guidé vos réussites. Tout n’est pas agitation, mais stratégie. Apprenez à vous parler. Maurice Kamto parle à tout le monde et est prêt à parler à tout le monde y compris ses propres ennemis. Comme le prophète Mahomet l’expliquait : « ce que vous faites en bien ou en mal vous le faites à vous-mêmes ».
À tous les tontinards, renforçons la résistance. Soyons unis et solidaires. Car dans le coran il est écrit : « la vraie richesse d’un homme se mesure au bien qu’il a fait autour de lui ». Que certains sortent de l’hypocrisie, de l’égoïsme fortuit, ces symptômes de 35 ans de tyrannie qui vous détruisent. En reproduisant la haine fortuite, vous ne faites pas du mal à ceux que vous prétendez combattre. Cette résistance dépend fondamentalement du socle impulsé par Maurice Kamto : que les Camerounais apprennent à s’aimer.
AU FINAL AI — JE RENONCE À LA RÉSISTANCE ?
Qu’est-ce que je n’ai pas lu ou ne lis pas. Que n’ait pas entendu. Des insultes, du mépris, l’arrogance y compris des jeunes qui buvaient les bières et cherchaient les femmes quand je préparais déjà l’assaut de 2018 pour faire partir définitivement partir Paul Biya. Il y a déjà 7 ans. Si les tontinards contrôlent les réseaux sociaux, ce n’est jamais le fruit du hasard mes amis. Il n’y a pas de hasard en politique. C’est parce que je fais partie de ceux qui dès 2014 ont pensé une stratégie et l’ont mis en branle. Et nous avons battu le régime Biya sur ce terrain. Aujourd’hui vous êtes libres.
Je ne parle pas beaucoup de moi, mais ma jeunesse je l’ai sacrifié pour la République. J’ai eu mon bac à 16 ans, ma licence à 19 ans et mon premier master à 21 ans. J’aurais pu entrer à l’ENAM, l’IRIC où je serai maître de conférence au Cameroun. J’ai décidé de me mettre au service du changement. Mon père est décédé le 7 octobre 2018. Au lieu de pleurer le deuil de cet homme valeureux, intègre, cet intellectuel qui m’a tout donné, le lendemain je défendais la victoire de Maurice Kamto et je le défendrais. Je préfère m’arrêter là.
Cependant, j’ai décidé de lever des fonds pour un bus du MRC.
Voici les fonds reçus :
7470 euros sur le PayPal qui a été attaqué plus bloqué, mais nous sommes
parvenus à récupérer l’intégralité de la somme.
1875 dollars dans le Gofundme et 1785 dollars ont été transférés.
Gofundme ayant retiré ses frais d’opération.
515 euros sur le leetchi.
Au Cameroun 147 583 FCFA. Ces chiffres sont vérifiables publiquement et
consultables pour le Cameroun auprès de Darling Nguevo et Romaric Blondel.
Soit près de 6 200 000 FCFA collectés. Je tiens ici à remercier dans un premier temps tous les dominateurs pour ce projet. Le projet le plus important jamais monté dans la diaspora pour Maurice Kamto et pour le MRC. Vous avez fait montre de votre abnégation, de votre courage et vous m’avez fait confiance. Je ne vous trahirai pas. Ensemble, nous développons la culture des bâtisseurs pour sortir de celle de l’émotion. Rarement des individus ont collecté en si peu de temps une somme pareil sur un projet aussi simple. C’est la preuve que avez compris ma démarche. Au nom de toute l’équipe qui travaille sur ce projet, je vous en suis reconnaissant. Akiba (merci).
Cependant, je ne saurais ne pas relever la violence des attaques contre ce projet. Une violence proférée par les adversaires Maurice Kamto, mais et surtout par certains tontinards. Je sais que la culture de la haine de la méchanceté a imbibé notre société. Plusieurs partisans de Maurice Kamto n’ont pas encore compris l’essence même de la résistance et de la lutte. Ici n’est pas le lieu de résoudre ce problème. Mais à eux je leur dirai : je ne vous déteste pas. Je vous comprends. La plus belle femme au monde ne donne que ce qu’elle a. Vous n’êtes que ce que vous êtes.
Dans les prochains jours, nous allons soumettre à votre appréciation une décision : soit nous arrêtons le projet du bus et l’argent collecté sera reversé au MRC, à la fondation Ayah pour les détenus anglophones, sur un projet dans l’Extrême — Nord. Soit nous poursuivons l’opération. Vous déciderez de ce que nous ferons.
Sur ce je vous réitère mes meilleurs vœux pour l’année et la décennie qui débute tout en souhaitant retrouver certains d’entre vous à Paris le 1er février 2020 pour rendre un vibrant hommage à Maurice Kamto.
BORIS BERTOLT
Source: https://www.facebook.com
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