« Justice des journalistes ou vérité ? »

L’assassinat de Martinez Zogo a mis en lumière le rôle joué par les journalistes dans la désignation rapide d’un coupable. Bien que cette rapidité puisse être appréciée par la population, il est important de se poser la question de la fiabilité de cette justice journalistique. Les journalistes ne sont pas des enquêteurs formés ni des juges impartiaux, et leur rôle ne devrait pas inclure la condamnation de suspects.
Au Cameroun, les enquêtes criminelles sont souvent menées avec une rapidité étonnante par les journalistes, mieux que les policiers et les gendarmes accusés de corruption et d’inefficacité. Cependant, cette rapidité peut également signifier une absence de preuves solides et une absence de procédure judiciaire appropriée. Le cas de Hamann Mana, condamné par les journalistes pour l’assassinat de Jacques Bessala Manga il y a 10 ans, montre que les enquêtes peuvent se poursuivre pendant des années même après une condamnation précipitée.
De plus, dans le cas de Jean Pierre Amougou Belinga, accusé de l’assassinat de Martinez Zogo, les journalistes ont prononcé une condamnation en quelques heures seulement, sans preuve suffisante ou sans procédure judiciaire adéquate. Si Belinga était déclaré innocent plus tard, cela montrerait l’erreur de la justice journalistique.
Il est donc important de rappeler que le travail des enquêteurs, des procureurs et des juges est de mener des enquêtes exhaustives, d’auditionner des témoins et des suspects, et de rendre des verdicts impartiaux en se basant sur des preuves solides. Ce n’est pas aux journalistes de remplir ces fonctions.
En conclusion, bien que la rapidité des journalistes dans la désignation d’un coupable puisse être appréciée, elle ne garantit pas la vérité ni la justice. Il est donc important de respecter les procédures judiciaires appropriées et de laisser les professionnels formés mener les enquêtes criminelles.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.