CRÉER L’AFFAIRE DANS L’AFFAIRE POUR OUBLIER LA VRAIE AFFAIRE

Par BORIS BERTOLT

CRÉER L’AFFAIRE DANS L’AFFAIRE POUR OUBLIER LA VRAIE AFFAIRE
CRÉER L’AFFAIRE DANS L’AFFAIRE POUR OUBLIER LA VRAIE AFFAIRE

Beaucoup sont surpris que je ne parle pas de la nouvelle affaire Amougou Belinga. Cet enregistrement sonore dans lequel il s’adresse de manière condescendante et malheureuse à l’ambassadeur du Cameroun en RCA. C’est normal pour tout républicain, pour tout citoyen soucieux des institutions cela doit inquiéter et susciter l’indignation. Voir un individu, quel qu’il soit traiter toute une communauté de « pauvres types » doit générer de la colère.

Mais cette affaire ne m’intéresse pas parce qu’il s’agit d’une distraction pour nous faire oublier la vraie affaire : l’implication du patron de la police du Cameroun dans des marchés de 15 milliards FCFA en Guinée Équatoriale avec un homme d’affaires camerounais à la réputation au moins douteuse. C’est un scandale d’État qui nous fait découvrir par la suite que cet homme d’affaires bénéficiait d’une sécurité privée assurée par le contribuable camerounais et composée d’une dizaine de policiers.

DE LA NATURE D’AMOUGOU BELINGA

Certains pensent que le Cameroun est né en 2018 après l’élection présidentielle. Oh que non chers amis ! Ce que vous voyez là a toujours existé sous Paul Biya à la seule différence que ces comportements sauvages sont désormais amplifiés par les réseaux sociaux et la circulation de l’information.

Je vous raconte une histoire. Dans son premier rapport en 2014, la commission nationale anticorruption recommande l’arrestation de Jean Pierre Amougou Belinga dans le dossier CAMPOST. Cette information passe presque inaperçue. Je suis journaliste au quotidien Le Jour. En parcourant ce rapport, je constate que sur la liste des personnalités épinglées il est le seul dont la CONAC demande l’arrestation, c’est assez grave et c’est cette affaire que nous mettons en exergue.

Le lendemain, suite à mon texte, Amougou Belinga appelle Haman Mana et l’insulte prétextant qu’il a souvent pris des annonces dans les pages du quotidien Le Jour comme s’il s’agissait d’une faveur. Après l’avoir insulté, il raccroche. Haman Mana ne recule pas. Il rentre m’appelle et me dit : « Boris tu poursuis le sujet sur Amougou Belinga et la CAMPOST “. Deux jours après Le Jour publie encore sa UNE avec Amougou Belinga. Il y a donc 7 ans aujourd’hui que des journalistes parmi lesquels moi ont commencé à s’interroger sur la fortune de Amougou Belinga ont découvert un personnage pittoresque et difficile que l’argent a abruti au point de se comporter de manière primitive dans ses relations sociales. La manière dont il parle à l’ambassadeur est surprenante pour ceux qui ne connaissent pas le personnage. Tout le monde au sein du pouvoir sait que Amougou Belinga est comme cela et cela ne les a pas empêchés de faire de lui un ‘héros’.

DU MÉPRIS POUR LES BAMILEKE

Oh ! C’est la cerise sur le gâteau. ‘Les Bamileke sont des pauvres types’. Quoi de plus beau pour détourner l’attention et créer un front tribal. Ils savent que des cris d’orfraie s’élèveront au sein d’une communauté et alimentera le dégoût contre Amougou Belinga tout en créant une solidarité chez les Beti et le tour est joué.

Or Amougou Belinga a fait du Amougou Belinga. C’est le patron de la chaîne Vision 4 c’est-à-dire cette chaîne qui depuis trois ans, voire plus, a construit médiatiquement la haine anti Bamileke et anglophone tout en créant l’illusion d’un pouvoir éternel ‘Ekang’ ou ‘Beti’. En réalité rien de nouveau sous le soleil. Amougou Belinga a dit ce que beaucoup au sein de l’appareil murmurent dans les coulisses. C’est cette fabrication permanente de la haine d’autrui qui crée un semblant d’unité en leur sein, qui leur permet de définir un ennemi commun. Or les débats ethniques ou raciaux sont des distractions pour détourner l’attention. Preuve que cela marche, très peu de leurs sympathisants s’insurgent du ton tribaliste employé à l’égard du représentant du Cameroun à l’étranger.

LA NOUVELLE AFFAIRE

Ceci étant dit il apparaît évident que l’objectif de cette bande est de manipuler un sujet. La vraie question est laquelle ? Difficile de penser Amougou Belinga pouvait rendre public cet entretien. Encore moins l’ambassadeur. Quel qu’en soit le cas de figure, C’est donc un enregistrement ou une écoute téléphonique qui accable le patron de Vision 4 et nous met sur une autre affaire qu’on peut appeler : ‘l’affaire centrafricaine ‘. Un homme d’affaires camerounais impliqué dans un scandale de corruption des officiels d’un pays étranger.

Est-ce nouveau ? Non. Car les hommes d’affaires partout dans le monde corrompent les officiels des pays pour leurs affaires. Les montants 400 millions et 100 millions. Soit 500 millions FCFA. L’équivalent de ce que Amougou Belinga compte déposer pour la construction de la bibliothèque Paul Biya. Le montant est donc dérisoire en réalité pour Amougou Belinga.

LA VRAIE AFFAIRE

À bien y regarder donc l’affaire centrafricaine, c’est de la distraction. Le choix du moment n’est pas anodin. Un jeu de massacre oppose deux dignitaires et anciens amis du régime appartenant à la même aire géographique et impliqués dans des activités mafieuses : Le patron de la police Mbarga Nguele et Jean Pierre Amougou Belinga, homme d’affaires, mais principalement blanchisseur et gestionnaire de la fortune de plusieurs personnalités de la République. C’est donc une situation tellement grave qui a amené le ministre Gregoire Owona à du réagir non pas en des termes républicains, mais tribaux.

L’affaire centrafricaine est donc du pain béni parce qu’elle permet d’oublier le scandale de 15 milliards de FCFA qui implique le patron de la police nationale Mbarga Nguele en Guinée Équatoriale. Vient se greffer des accusations de népotisme avec sa femme qui gagne tous les marchés à la DGSN. Plus grave l’on apprend dans le même sillage que le patron de la police avait mis à la disposition de son ancien ami pour des besoins de sécurité l’équivalent de tout un commissariat de police. Soit treize éléments. Pas un ou deux comme on le voit souvent, mais 13 agents de l’État payés par le contribuable camerounais.

Voilà pourquoi je ne parle pas de l’affaire centrafricaine, car ça sent du roussi. J’ai toujours mes deux questions formulées dès le départ : comment le patron de la police nationale se retrouve impliqué dans une affaire de 15 milliards FCFA en Guinée Équatoriale qui tourne mal et pourquoi Jean Pierre Amougou Belinga avait à sa disposition pour sa sécurité l’équivalent de tout un commissariat de police ?

Cette affaire doit interpeller tout citoyen normal soucieux du bien être de la République dans un pays normal. On ne me manipule pas comme ça.

Par BORIS BERTOLT

Source: https://www.facebook.com

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