Abus d’autorité au Cameroun : pourquoi porter plainte peut tout changer?

Auteur : Jean-Paul Etoundi

la peur face à l’autorité, un héritage à déconstruire

Le Cameroun, pays riche en diversité culturelle et en potentiel, est aussi marqué par un rapport complexe entre les citoyens et les institutions publiques. Dans de nombreuses régions, notamment parmi les populations marginalisées, la peur de l’autorité reste profondément ancrée. Cette peur, souvent nourrie par des abus répétés de pouvoir, muselle les citoyens et empêche l’émergence d’un système véritablement juste.

Mais une lueur d’espoir émerge. Aristide Mono, analyste politique respecté, exhorte les Camerounais, en particulier ceux qu’il appelle « d’en bas d’en bas », à ne plus accepter ces abus en silence. Son message est simple mais révolutionnaire : porter plainte.

L'Unité Nationale au Cameroun
L’Unité Nationale au Cameroun

Pourquoi porter plainte est un acte révolutionnaire?

Pour beaucoup de Camerounais, déposer une plainte contre un abus d’autorité semble être une entreprise vouée à l’échec. « À quoi bon ? Ils ne feront rien », entend-on souvent. Cependant, Aristide Mono met en lumière une vérité que beaucoup ignorent : l’acte de porter plainte peut avoir des répercussions inattendues et puissantes.

Une plainte déposée peut obliger les autorités à rendre des comptes. C’est une action qui met en lumière les dérives et expose les failles d’un système trop souvent impuni. Et même si tous les cas n’aboutissent pas immédiatement à des solutions, chaque plainte contribue à la construction d’une justice plus transparente.

Le poids psychologique de l’intimidation : un outil des abuseurs

Pourquoi les citoyens hésitent-ils tant à porter plainte ? La réponse réside dans une culture d’intimidation bien rodée. Les figures d’autorité – qu’il s’agisse de la police, de la gendarmerie ou des responsables administratifs – inspirent plus de peur que de respect. Cette peur est amplifiée par des récits de représailles, réels ou exagérés, qui dissuadent les victimes d’agir.

Pour Aristide Mono, il est essentiel de déconstruire cette peur. Il raconte des cas où des plaintes bien formulées ont non seulement été entendues, mais ont aussi conduit à des enquêtes et des réformes. L’intimidation perd son pouvoir dès lors qu’elle est confrontée à une résistance collective.

Un système qui fonctionne… parfois

L’une des idées reçues les plus courantes est que le système judiciaire camerounais est totalement inefficace. Bien que ce constat puisse être vrai dans certains cas, il existe des exemples inspirants de justice rendue grâce à la persévérance des plaignants.

Aristide Mono cite notamment des situations où des plaintes adressées au ministère de la Défense ont obtenu des réponses rapides et des actions concrètes. Ces exemples, bien qu’encore trop rares, prouvent que le système peut fonctionner lorsque les citoyens s’y engagent activement.

Un appel aux autorités : reconstruire la confiance

Cependant, la responsabilité ne repose pas uniquement sur les citoyens. Pour encourager davantage de personnes à porter plainte, les institutions doivent prouver qu’elles sont dignes de confiance. Cela passe par des réformes visant à réduire la corruption, à protéger les plaignants contre les représailles et à assurer une justice équitable et rapide.

La mise en place d’un bureau d’accueil pour les plaintes à Yaoundé, comme le propose Aristide Mono, pourrait être un premier pas significatif. Ce bureau servirait de point de contact accessible pour tous, réduisant ainsi les obstacles bureaucratiques qui dissuadent de nombreux citoyens de faire valoir leurs droits.

Les abus d’autorité : une réalité omniprésente

Les abus d’autorité prennent de nombreuses formes au Cameroun. Il peut s’agir de harcèlement policier, de détentions arbitraires, de confiscations illégales de biens ou encore de violences physiques et morales. Ces abus, souvent commis en toute impunité, renforcent un sentiment d’impuissance parmi les citoyens.

Pourtant, comme le souligne Aristide Mono, chaque abus qui reste impuni devient une victoire pour les oppresseurs. En déposant plainte, même face à des obstacles, les citoyens affirment leur dignité et refusent de céder à la résignation.

Le rôle de la société civile : un soutien indispensable

La société civile joue un rôle clé dans cette lutte. Les associations, les avocats pro bono et les journalistes doivent se mobiliser pour accompagner les victimes et amplifier leurs voix. Une plainte individuelle peut sembler insignifiante, mais lorsqu’elle est soutenue par une mobilisation collective, elle peut devenir un levier de changement.

Aristide Mono appelle également les médias, notamment des plateformes comme Équinoxe TV, à continuer de jouer leur rôle de vigie. En exposant les abus et en donnant une tribune aux victimes, les médias renforcent la pression sur les autorités pour qu’elles agissent.

Le coût de l’inaction : une société en danger

Ignorer les abus d’autorité n’est pas une option sans conséquences. Lorsque les citoyens se taisent, les dérives se multiplient et finissent par miner le tissu social. La peur et la méfiance deviennent la norme, sapant la cohésion nationale et freinant le développement du pays.

Aristide Mono met en garde contre cette spirale descendante. Selon lui, la véritable souveraineté d’un peuple réside dans sa capacité à exiger des comptes de ses dirigeants. Chaque plainte déposée est une pierre posée sur l’édifice d’un Cameroun plus juste et plus équitable.

Des exemples inspirants : quand la justice triomphe

Dans son plaidoyer, Aristide Mono évoque des cas où des Camerounais ordinaires ont défié les abus d’autorité et obtenu gain de cause. Ces exemples montrent que, malgré les obstacles, la justice est possible.

Par exemple, un plaignant courageux a récemment obtenu une enquête approfondie après avoir dénoncé des pratiques abusives dans sa région. Ce succès a inspiré d’autres à suivre son exemple, créant ainsi un effet domino.

La révolution commence par un simple acte

Porter plainte peut sembler être une goutte d’eau dans l’océan des défis auxquels le Cameroun est confronté. Mais chaque goutte compte. Lorsque des milliers de citoyens osent dénoncer les abus, cela envoie un message fort : les Camerounais ne toléreront plus l’injustice.

Comme le dit Aristide Mono, la révolution commence souvent par un acte simple, mais audacieux. Il ne s’agit pas seulement de changer des lois ou des politiques, mais de transformer la mentalité collective.

Un Cameroun où chaque voix compte

L’appel d’Aristide Mono à porter plainte contre les abus d’autorité est bien plus qu’un plaidoyer juridique. C’est une vision pour un Cameroun où chaque citoyen, quel que soit son statut social, peut vivre avec dignité et respect.

Pour atteindre cet idéal, il faudra un effort collectif. Les citoyens doivent surmonter leur peur et agir. Les institutions doivent prouver qu’elles sont dignes de confiance. Et la société civile doit continuer à jouer son rôle de soutien et de vigie.

Le chemin est long, mais il est possible. Ensemble, les Camerounais peuvent bâtir un pays où l’autorité est au service de la population et non l’inverse. Un pays où chaque voix compte.

admin

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