Le cri d’un entrepreneur camerounais : étouffé par les impôts, désespéré pour un avenir meilleur

Par Roger Nkenfack pour Camerounoye.com

Au Cameroun, derrière chaque petite boutique, chaque salon de coiffure et chaque stand de marché, il y a une histoire. Une histoire d’espoir, de détermination et souvent de lutte pour survivre dans un environnement économique qui semble conçu pour étouffer plutôt que pour encourager. L’histoire d’un jeune entrepreneur de Douala, relayée récemment par Equinoxe TV, a frappé les esprits. Son cri de détresse face à une pression fiscale écrasante soulève une question fondamentale : comment le Cameroun peut-il espérer se développer si ceux qui osent entreprendre sont constamment pris à la gorge ?

Dans son témoignage poignant, cet entrepreneur, propriétaire d’un salon de coiffure, dépeint un tableau sombre de la réalité quotidienne des petites entreprises. Sa voix, bien qu’unique dans sa spécificité, résonne comme un écho de milliers d’autres au Cameroun. À travers ce récit, une vérité évidente émerge : le système fiscal actuel n’est pas seulement inadapté, il est destructeur.

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Une pression fiscale insoutenable : un frein à la créativité

Le jeune entrepreneur a confié être visité à plusieurs reprises par des brigades de collecte d’impôts. Ces équipes, perçues par beaucoup comme des prédateurs fiscaux, se multiplient et imposent des taxes souvent absurdes. Parmi celles-ci, les droits d’auteur, même pour les activités non musicales, s’ajoutent aux factures d’électricité gonflées, aux frais médicaux obligatoires et à d’autres charges. Résultat : une asphyxie économique qui pousse de nombreux entrepreneurs au bord du gouffre.

Cette réalité soulève une problématique majeure : pourquoi le système fiscal ne différencie-t-il pas les grandes entreprises des petits commerçants ? Les multinationales qui opèrent dans les secteurs clés comme les télécoms ou les ressources naturelles sont rarement soumises à une telle pression, tandis que les PME et les micro-entrepreneurs, considérés comme la colonne vertébrale de l’économie, croulent sous le poids des taxes.

Entre rêve et désillusion : le parcours semé d’embûches d’un jeune entrepreneur

Pour cet entrepreneur, le rêve a commencé il y a cinq ans, lorsqu’il a quitté le domaine de la construction pour ouvrir son salon de coiffure. Comme tant de jeunes Camerounais, il voulait bâtir quelque chose de concret, de durable. Mais rapidement, ce rêve s’est transformé en un cauchemar. Face à une administration rigide et à une fiscalité incohérente, ses efforts ont été neutralisés.

Il évoque avec amertume l’absence de soutien institutionnel et le sentiment d’abandon par les autorités publiques. Comment un pays peut-il espérer voir ses jeunes prospérer si les seules réponses qu’ils reçoivent sont des menaces de fermeture et des visites incessantes des collecteurs d’impôts ?

Une économie paralysée par une fiscalité archaïque

Le problème va bien au-delà des expériences individuelles. Le système fiscal camerounais, conçu il y a des décennies, est devenu obsolète. Il semble incapable de s’adapter à une économie moderne où les petites entreprises jouent un rôle crucial dans la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.

Les réformes fiscales qui auraient dû alléger la charge sur les jeunes entrepreneurs n’ont jamais vu le jour, et l’absence de dialogue entre les autorités et les acteurs économiques aggrave la situation. Cette inertie institutionnelle décourage non seulement les entrepreneurs locaux, mais dissuade également les investisseurs étrangers, qui hésitent à s’implanter dans un environnement si peu propice aux affaires.

Une jeunesse sacrifiée : des conséquences alarmantes

Au-delà des chiffres, il y a des vies. Des hommes et des femmes qui, malgré leur volonté de travailler et de contribuer à l’économie, se retrouvent piégés dans un cercle vicieux. Certains abandonnent leurs projets, d’autres choisissent de s’exiler, et les plus désespérés succombent à des activités illicites.

La frustration de cet entrepreneur est palpable lorsqu’il s’adresse directement aux autorités, et notamment au président Paul Biya. Son message est clair : les jeunes Camerounais veulent réussir honnêtement, mais ils ont besoin de conditions qui leur permettent de respirer, de grandir et d’innover.

Des modèles d’espoir : leçons tirées d’autres pays africains

La situation au Cameroun contraste fortement avec celle de certains pays africains qui ont su réformer leur fiscalité pour encourager l’entrepreneuriat. Le Rwanda, par exemple, est souvent cité comme un modèle grâce à ses politiques transparentes et favorables aux petites entreprises.

En allégeant les taxes et en simplifiant les démarches administratives, le Rwanda a réussi à transformer son économie. Les entrepreneurs y sont non seulement soutenus, mais aussi valorisés comme des moteurs essentiels de la croissance. Ces exemples montrent qu’un changement est possible, à condition d’avoir une vision stratégique et une volonté politique.

La mobilisation collective : une voie vers le changement

Face à un système qui semble sourd à leurs plaintes, les entrepreneurs camerounais doivent s’organiser. Les associations professionnelles, les syndicats et les collectifs sectoriels peuvent jouer un rôle crucial pour défendre leurs droits et plaider pour des réformes.

Il ne s’agit pas seulement de critiquer ou de dénoncer, mais de proposer des solutions concrètes. Une révision du code fiscal, une réduction des charges pour les petites entreprises, et une meilleure transparence dans l’utilisation des fonds collectés sont autant de pistes à explorer.

Vers une nouvelle vision économique pour le Cameroun

Ce cri d’alarme, relayé par Equinoxe TV, ne peut pas être ignoré. Il interpelle non seulement les dirigeants, mais aussi la société camerounaise dans son ensemble. Quel futur voulons-nous pour notre pays ? Un futur où les jeunes sont encouragés à entreprendre, ou un futur où leurs rêves sont systématiquement brisés ?

Pour bâtir une économie dynamique et résiliente, il est impératif de mettre en place un environnement qui favorise la créativité, l’innovation et le travail acharné. Cela passe par une réforme en profondeur du système fiscal, mais aussi par un changement de mentalité.

Conclusion : un appel à l’action pour un avenir meilleur

L’histoire de ce jeune entrepreneur est celle de nombreux Camerounais, et elle incarne les défis auxquels fait face une génération entière. Mais elle porte aussi en elle une lueur d’espoir. Car, en exprimant son ras-le-bol, en dénonçant l’injustice et en appelant au changement, il ouvre la voie à une réflexion collective sur l’avenir de l’entrepreneuriat au Cameroun.

Il appartient désormais aux décideurs de prendre leurs responsabilités et de répondre à cet appel. Car, comme le montre l’exemple de pays voisins, un changement est possible. Il suffit d’une volonté, d’un engagement et d’une vision.

Chez Camerounoye.com, nous croyons en un Cameroun où chaque citoyen a la possibilité de rêver, de créer et de prospérer. Nous continuerons de relayer les voix de ceux qui, comme ce jeune entrepreneur, refusent de se résigner face à l’adversité.

Auteur : Roger Nkenfack

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