Le Cameroun est à un tournant de son histoire politique, et les débats autour d’une éventuelle succession dynastique orchestrée par Paul Biya en faveur de son fils Franck Biya suscitent une vague de réactions. Parmi les voix les plus critiques, Franklin Nyamsi, universitaire et penseur engagé, a dressé un tableau saisissant de l’avenir du Cameroun dans un système dirigé par le fils du président. Cet article, inspiré de sa réflexion, explore les implications profondes d’un tel scénario pour le Cameroun et pour l’Afrique tout entière.
L’histoire du Cameroun sous Paul Biya, qui cumule plus de quatre décennies au pouvoir, est marquée par des défis économiques, sociaux et politiques. Pourtant, malgré cette longévité exceptionnelle à la tête de l’État, de nombreuses questions restent en suspens concernant l’avenir du pays. La possibilité d’un transfert de pouvoir à Franck Biya, son fils, soulève des inquiétudes. Franklin Nyamsi, dans une analyse sans concession, dénonce cette perspective qu’il considère comme une menace non seulement pour la démocratie camerounaise, mais aussi pour la souveraineté africaine.
Le cœur de son argument réside dans un constat implacable : aucun pays ne peut prospérer sous une gouvernance dynastique imposée, surtout lorsque celle-ci repose sur des bases aussi fragiles. Selon Nyamsi, un système dirigé par Franck Biya ne ferait que perpétuer les mêmes pratiques oligarchiques et néocoloniales qui ont plongé le Cameroun dans une spirale de stagnation et d’instabilité.
Alors que les Camerounais se demandent si Franck Biya a les compétences nécessaires pour diriger une nation complexe et fracturée, Nyamsi va plus loin. Pour lui, ce n’est pas seulement une question de capacités, mais aussi de légitimité. « Un héritier désigné n’a pas sa place à la tête d’un État moderne », martèle-t-il, rappelant que la présidence n’est pas un trône, et que le Cameroun n’est pas une monarchie.
Une crise de légitimité et de représentation
La légitimité est un pilier fondamental pour tout leader. Pourtant, Franck Biya, largement perçu comme un acteur discret de l’arène politique, ne dispose ni de l’expérience politique, ni du soutien populaire nécessaire pour prétendre à une telle responsabilité. Les Camerounais, confrontés à des défis tels que la pauvreté, la corruption et les conflits internes, attendent un dirigeant capable de proposer une vision claire et de fédérer les énergies autour d’un projet commun.
Or, l’héritage politique de Paul Biya est loin d’être enviable. Ses décennies au pouvoir sont marquées par une concentration des richesses au sommet, une marginalisation des populations rurales et une dépendance excessive aux puissances étrangères, notamment la France. Franklin Nyamsi critique sévèrement cette « dynastie politique » qui, selon lui, sacrifie l’avenir des Camerounais sur l’autel des intérêts personnels et néocoloniaux.
Le spectre du néocolonialisme
Au-delà des frontières camerounaises, cette éventuelle succession dynastique est également perçue comme une tentative de la France de maintenir son influence sur le pays. Nyamsi souligne que les rapports entre Paris et Yaoundé sont depuis longtemps marqués par une coopération asymétrique où les intérêts économiques et stratégiques de l’ancienne puissance coloniale priment sur ceux du peuple camerounais.
L’analyse de Nyamsi met en lumière une réalité troublante : l’Occident, et en particulier la France, aurait intérêt à soutenir une gouvernance faible et manipulable au Cameroun pour préserver ses privilèges. Dans ce contexte, Franck Biya représenterait une continuité d’un système néocolonial, où les décisions cruciales pour l’avenir de la nation seraient prises en dehors de ses frontières.
Mais cette mainmise étrangère n’est pas sans conséquence. Pour Nyamsi, elle nourrit un cercle vicieux de dépendance économique, de corruption institutionnelle et de perte de souveraineté, entravant ainsi toute tentative de développement autonome.
La voix du peuple contre une dynastie politique
Face à cette situation, Nyamsi exhorte les Camerounais à rejeter catégoriquement tout projet de succession dynastique. Il rappelle que le pouvoir appartient au peuple et non à une famille ou à un clan. Les citoyens doivent rester vigilants, organisés et mobilisés pour empêcher une telle transition.
Cependant, il ne se contente pas de dénoncer. Il propose des pistes de réflexion pour un Cameroun nouveau. Selon lui, la priorité doit être donnée à l’éducation citoyenne. Il est impératif que les Camerounais comprennent les enjeux politiques et économiques auxquels leur pays est confronté, afin de prendre des décisions éclairées lors des futures échéances électorales.
Un appel à la solidarité panafricaine
Pour Franklin Nyamsi, le combat du Cameroun s’inscrit dans une lutte panafricaine plus large. Les défis du néocolonialisme, de la mauvaise gouvernance et de la dépendance économique ne sont pas propres à ce pays. Ils reflètent une problématique plus vaste qui touche de nombreux États africains.
Il appelle à une solidarité entre les nations africaines pour contrer les stratégies d’ingérence étrangère. Cela passe par une meilleure coopération entre les États, mais aussi par le soutien mutuel entre les peuples. L’objectif, selon Nyamsi, est de construire un continent où les Africains peuvent enfin décider de leur destin, sans pression extérieure.
Un futur à inventer
Nyamsi conclut son analyse avec un message d’espoir. Pour lui, malgré les défis, le Cameroun a les ressources nécessaires pour se redresser. Ses richesses naturelles, sa diversité culturelle et la résilience de son peuple sont des atouts majeurs qui, s’ils sont bien exploités, peuvent propulser le pays vers un avenir meilleur.
Mais cela nécessite une rupture nette avec le passé. Une transition politique basée sur des principes démocratiques, une gestion transparente des ressources et une réelle indépendance économique sont indispensables. Ce n’est qu’à ce prix que le Cameroun pourra se relever et inspirer le reste du continent.
Dans cette optique, Nyamsi appelle chaque Camerounais à jouer un rôle actif dans la construction de ce futur. « Le changement ne viendra pas d’en haut », avertit-il. « Il viendra des citoyens, des jeunes, des femmes, des travailleurs, des agriculteurs, de tous ceux qui refusent de voir leur pays sombrer dans la stagnation. »
Conclusion
L’éventualité d’une succession dynastique au Cameroun, incarnée par Franck Biya, représente un défi majeur pour l’avenir du pays. Mais comme le souligne Franklin Nyamsi, il s’agit également d’une opportunité pour les Camerounais de se mobiliser, de réfléchir collectivement et de bâtir une nation véritablement souveraine.
Cet article ne se veut pas uniquement une critique, mais aussi un appel à l’action. Le Cameroun a un potentiel immense, et il appartient à ses citoyens de s’unir pour en faire une réalité. Ensemble, ils peuvent non seulement changer le cours de leur histoire, mais aussi donner un nouvel élan à tout un continent en quête de renouveau.