Nouveau Sommet Afrique-France : 9 mois après Montpellier, le Président fait le point à Yaoundé.

Excellence, Monsieur le Président de la République Française, Monsieur le Président du Conseil de suivi des recommandations de Montpellier, distingués invités en vos rangs, grades et qualités, Mesdames et Messieurs. Je voudrais, avant toute chose, souhaiter la bienvenue en ces lieux à Monsieur Emmanuel Macron. Monsieur le Président de la République, à l’occasion de votre visite officielle au Cameroun, en cours, vous avez accepté de participer à cette rencontre avec les sociétés civiles camerounaises et françaises. Nous vous en savons gré et espérons qu’au cours des deux prochaines heures, un peu moins, parce que la séance de selfies a un peu duré, la rencontre des idées et le croisement du verbe fasse émerger, ici-même, au club Noah, lieu mythique de Yaoundé, sur la colline d’Etoudi, l’autre versant d’Etoudi, puisque vous étiez au premier versant ce matin, une nouvelle perspective dans les relations entre le Cameroun et la France.

Mieux, une démarche structurante pour une perspective plus globale entre notre continent et votre pays.

Nous vous devons ce rendez-vous, Monsieur le Président. Nous le devons également à un groupe de réflexion et d’action, le premier en Afrique, il faut le souligner, issu, entre autres, des précédentes réflexions du Sommet Afrique-France de Montpellier, en octobre dernier, animé avec brio par mon aîné Achille Mbembe, ici présent à vos côtés, et que je salue. Le Conseil de suivi des recommandations de Montpellier n’a eu de cesse de poursuivre la réflexion et de travailler à la co-construction d’un socle de propositions permettant de porter cette nouvelle dynamique, que votre visite, juste au lendemain de votre réélection, peut favoriser.

En plus des travaux de l’entre-deux, les 24 membres que vous venez de rencontrer, du groupe de réflexion, ont planché pendant toute cette journée sur trois sujets centraux, essentiels, je ne dirai pas critiques mais importants, sur lesquels je reviendrai dans un moment. Ce sont des jeunes, et d’ailleurs je salue la présence parmi nous de Monsieur le Ministre de la Jeunesse et de l’Éducation Civique du Cameroun, issus de divers secteurs d’activités, acteurs associatifs, dirigeants, enseignants, chercheurs, entrepreneurs, innovateurs, artistes, consultants, et j’en passe.

Vous les écouterez dans quelques instants. D’ici là, je voudrais inviter le président du Conseil à bien vouloir me rejoindre pour un mot d’introduction. Mesdames, Messieurs, pouvons-nous accueillir Maître Jacques Jonathan Nyemb, s’il-vous-plaît ? Je vous remercie. Excellence, Monsieur le Président de la République Française, Excellence, Monsieur le Ministre de la Jeunesse et de l’Éducation Civique, Mesdames et Messieurs les membres de la Délégation du Président de la République Française, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil pour le suivi des recommandations du nouveau Sommet Afrique-France, distingués invités, en vos titres, grades et qualités respectifs, Mesdames et Messieurs.

Je voudrais commencer par souhaiter à toutes et à tous une chaleureuse bienvenue dans ces lieux, ainsi qu’un agréable séjour en terre camerounaise, sur invitation de Son Excellence Monsieur Paul Biya, Président de la République du Cameroun, à Son Excellence Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française, ainsi qu’à la délégation qui l’accompagne.

C’est un honneur et un grand plaisir pour moi de prendre la parole pour ce moment, qui est assurément un temps fort de l’histoire entre deux peuples, deux États, deux continents. Excellences, Mesdames et Messieurs. Qu’on s’en souvienne, à l’appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle, le Cameroun a été parmi les premiers territoires à rallier la France libre. De nombreux jeunes Camerounais ont versé leur sang pour la reconquête et la libération de la France.

Moins de deux décennies plus tard, dès 1955, c’est au tour de plusieurs jeunes militants progressistes français de porter la voix des leaders camerounais pour la cause de l’indépendance et de la réunification du Cameroun. Ainsi, unis par une histoire parfois douloureuse, mais inexorablement appelés à partager un destin commun, les jeunesses camerounaise et française ont toujours su s’engager ensemble, avec audace, courage et espérance, lorsque la sécurité collective est menacée.

Plus de 80 ans plus tard, en octobre 2021, sensibles à l’appel de Ouagadougou et à l’élan participatif qui l’a suivi, près de 80 jeunes Camerounais étaient présents à Montpellier, aux côtés d’autres jeunes du continent et de la diaspora, pour le nouveau Sommet Afrique-France. Innovant par son format, ses acteurs et ses thématiques, ce dernier postule un nouveau départ dans les relations entre l’Afrique et la France : une nouvelle relation désormais apaisée, équilibrée, et surtout affranchie de ses non-dits historiques.

Cet ultime élan réformiste a conduit, le 8 avril dernier, à la création, au Cameroun, du premier Conseil pour le suivi des recommandations du nouveau Sommet Afrique-France, véritable plateforme de sensibilisation, de plaidoyer, de formation et d’expérimentation au service de la refondation des relations, camerouno-françaises d’une part, et africano-européennes d’autre part.

Catalyseur de nouvelles coalitions d’idées, communauté d’intérêts et synergie entrepreneuriale, le Conseil entend s’affirmer comme un acteur majeur du changement de narratif, du changement de méthode, mais aussi du changement d’outil, pour une coopération désormais gagnant-gagnant. En effet, dans un contexte mondial de remise en cause des acteurs et modes de gouvernance hérités du système étatique westphalien, le Conseil inscrit de plain-pied les sociétés civiles camerounaises et françaises dans un nouveau schéma de gouvernance participative, transformant par la même occasion la diplomatie publique, apanage traditionnel des États. Ainsi donc, et une fois de plus, face aux défis actuels communs, touchant à la sécurité sanitaire, alimentaire, environnementale ou encore énergétique du monde, les jeunesses camerounaises et françaises, y compris les diasporas, ont fait le choix, en pleine conscience, de s’engager ensemble.

Excellences, Mesdames et Messieurs, la séquence organisée ce jour est la preuve vivante que les sociétés civiles camerounaise et française, tout en restant critiques et exigeantes, ne cesseront jamais, sous le regard bienveillant des décideurs publics des deux pays, de dialoguer ensemble, mais surtout de co-construire pour dévoiler l’horizon. L’Afrique étant appelée à être le centre de gravité de cette nouvelle ère participative, collaborative et solidaire, la philosophie Ubuntu, magnifiée par Nelson Mandela, sera incontestablement la matrice de cette nouvelle alliance à bâtir, non plus entre les États uniquement, mais entre les peuples, autour de principes immuables : la souveraineté, l’interdépendance et la durabilité, mais aussi autour de valeurs communes : la dignité, le respect et l’intégrité.

À ce prix, et à lui seul, une nouvelle relation entre le Cameroun et la France est possible. Engagés, c’est le choix que nous avons fait et que rien ne peut entraver.

C’est aussi le thème du forum Our Future, que nous organiserons en décembre prochain à Yaoundé, pour inviter toutes les forces sociales d’Europe et de la sous-région Afrique centrale, à s’engager avec audace, courage et espérance, pour réinventer ce monde meilleur que nous appelons tous et toutes de nos voeux. Vive le Cameroun, vive la France, vive l’amitié camerouno-française et vive le monde ! Je vous remercie pour votre aimable attention.

Merci Maître ! Le ton est donné. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, chers participants. Après ce propos introductif, nous allons entrer dans le coeur du sujet. Pendant la journée, le groupe de travail a discuté autour de trois questions : la gouvernance locale, la participation citoyenne et les enjeux de la démocratie, l’entrepreneuriat, l’innovation et les enjeux du développement durable, l’histoire, la culture et les patrimoines.

Les trois ateliers organisés autour d’une représentation paritaire entre le Cameroun et la France vont nous livrer le fruit de leur réflexion. Chaque atelier, dont les membres sont présents ici, va prendre la parole à travers ses rapporteurs, le binôme étant à chaque fois composé d’une ou d’un Camerounais et d’une ou d’un Français.

Si vous en avez convenance, Monsieur le Président, je vais donc introduire la séance de restitution, qui elle-même va précéder votre prise de parole et un échange libre à venir avec les participants. Je vais donc à présent inviter ici les deux premières rapporteuses, Mesdames Ileana Santos et Michelle Gaëlle Abbé, à bien vouloir nous livrer la quintessence de leurs discussions. Je rappelle qu’elles ont travaillé, avec leur groupe, sur la gouvernance locale, la participation citoyenne et la démocratie.

Vous avez la parole. Monsieur le Président, Messieurs et Mesdames les Ministres, distingués invités. La difficulté de l’exercice de ce soir, c’est de résumer avec les mots justes des heures d’échanges et de débats animés, francs mais ambitieux et réalistes.

Pour la confiance qu’ils nous ont accordée et la force de conviction qu’ils incarnent, je vous demande d’applaudir très fort nos camarades Paul-Joël, Nancy, Richard, Carole, Roger, et évidemment Jacques Jonathan. Monsieur le Président, ce soir, j’ai la chance et l’honneur de partager cet échange avec toi, ma collègue camerounaise, avec mes deux jambes, celle d’une franco-togolaise née et a grandie à Lomé, arrivée en France il y a dix ans.

J’ai essayé, en tout cas modestement, de représenter la société civile française. Nos deux organisations, celle que tu portes, chère Michelle, la Fondation Conseil jeunes, et Je m’engage pour l’Afrique, que nous représentons ensemble, portent une ambition commune, celle de donner à chaque jeune qui souhaite s’engager pour l’Afrique, un espace de conversation et des outils pour prendre part au débat public.

C’est donc à deux voix, nous, femmes engagées du Cameroun et de la France, que nous allons partager avec vous nos propositions concrètes. Jusqu’à la dernière minute, je vous promets, nous avons tenu à trouver un consensus, et il nous a paru nécessaire de vous présenter nos clés de lecture. Bonsoir à tous.

Effectivement, Ileana, il est important de souligner que cette table ronde s’est construite autour de la reconnaissance de la vulnérabilité de nos deux systèmes démocratiques. Dans tous les échanges, il a vraiment été question des deux contextes. Elle s’est construite autour de la nécessité d’évoluer d’une démocratie représentative vers une démocratie plus participative. C’est le seul système, à notre avis, qui favorise la participation citoyenne et la gestion optimale de la diversité de nos sociétés.

Comment comprendre que des sociétés aussi différentes puissent avoir autant de similitudes, notamment sur le taux de participation aux élections, qui est très bas en France comme au Cameroun, notamment sur l’implication des populations dans la gestion des communes, notamment sur la demande de plus de transparence et de redevabilité ?

Comment comprendre aussi, comment expliquer que des personnes vivant dans des sociétés aussi différentes puissent aboutir à des constats similaires, malgré les causes qui sont, à coup sûr, différentes ? On peut préciser notamment le refus de compromis ou d’accepter les opinions contraires. C’est d’une part la preuve que le monde est un village planétaire, et d’autre part le témoignage de la vertu du dialogue, du partage et de la recherche permanente de consensus. Ces constats ne nous enlèvent pas nos identités.

Nous sommes Camerounais, Africains, Français et Européens, et ces constats ne nous séparent pas.

La présente restitution est donc le résultat du maillage de ces intelligences. Effectivement, notre première proposition, est concrète, Monsieur le Président. Elle porte sur l’économie des villes. En fait, ce qu’on souhaite, Monsieur le Président, c’est de donner une nouvelle impulsion aux relations entre les collectivités locales françaises et camerounaises. Et pour nous, ça passe concrètement par accélérer la coopération économique des petites et des moyennes villes.

Et nous, ce qu’on propose, c’est de mettre en place une matrice qui permettrait de connecter les villes françaises et camerounaises, sur la base de leur spécialisation et de leurs atouts économiques. Et en fait, pour nous, cette accélération, peut commencer d’abord simplement par faire une cartographie des communes françaises et camerounaises pour, en fait, vraiment identifier des spécificités, et de proposer des modèles de jumelages, et de pouvoir créer ces partenariats gagnant-gagnant. Évidemment, il faudra associer la société civile, il faudra associer les organes de bénévolat, je pense à France Volontaires, notamment, dans la conception de ces projets.

Et nous, on imagine plusieurs opérateurs associés, par exemple l’Association des Maires de France, mais aussi, côté camerounais, la Commune et Ville unie du Cameroun, avec l’appui, bien évidemment, de la société civile et de l’ensemble des opérateurs français, BPI et l’AFD. Et mes camarades camerounais m’ont relaté un des exemples concrets de coopération économique des villes, celle de Dschang et Nantes, qui a été signée en 2002, et qui a donné lieu à la création, notamment, d’une usine de compostage qui a créé plus d’une centaine d’emplois.

Et vraiment, Monsieur le Président, ce qu’on souhaite, c’est d’arriver à créer ce type de partenariat-là, où il y a des résultats économiques concrets, qu’on peut mesurer. Notre deuxième proposition, Monsieur le Président, c’est d’accélérer l’émergence de nouvelles forces sociales, en France comme au Cameroun, notamment dans les secteurs politiques, de citoyenneté, d’entrepreneuriat, universitaires, avec l’appui du secteur public et privé.

Sur la recommandation du professeur Achille Mbembe, que je salue ce soir, vous avez annoncé, lors du Sommet de Montpellier, la création d’un fonds pour la démocratie. Nous pensons humblement que le choix du mot démocratie prête à équivoque. Car oui, nous partageons cette ambition de trouver le moyen de déclencher, par une nouvelle génération d’outils et un langage approprié, des prises de conscience et une envie de se réinventer.

Donc pour nous, la proposition, c’est de réaménager les programmes d’appui à la jeunesse, en vue de favoriser un meilleur impact et la visibilité des intelligences collectives endogènes, en privilégiant le soutien aux initiatives structurantes. Nous voulons partir du bas vers le haut, contrairement au haut vers le bas, qui est fait en ce moment.

Je vous assure, le Cameroun regorge de multiples initiatives très intéressantes, endogènes et productives. Il s’agira, plutôt que de recréer, de les mettre en valeur, de les rendre visibles et de les accentuer. Peut-être, pour compléter, chère Michelle, c’est aussi dire que le secteur privé doit être associé à cette réflexion-là.

C’est vrai qu’on fait un dialogue direct avec les institutions et les sociétés civiles. Je sais qu’il y a quelques chefs d’entreprise ici. Votre rôle, à notre avis, c’est aussi de nous accompagner, dans ce changement-là, parce que vous êtes aussi partie prenante, finalement, de ce débat public. Notre troisième proposition, c’est de construire un système de transparence et de redevabilité, impliquant les sociétés civiles française et camerounaise, l’ambition étant d’impliquer et rendre compte aux bénéficiaires et aux sociétés civiles, tant au niveau de la conception, la mise en oeuvre et l’évaluation des politiques publiques de développement. Nous savons que l’AFD prévoit déjà cette tripartite.

Nous proposons de faire du conseil pour le suivi, ce tiers de médiation. Je voudrais, Monsieur le Président, vous présenter un exemple qui a bien marché. J’en profite pour saluer Monsieur Jean-Marc Bikoko, qui est dans la salle. C’est le suivi indépendant du C2D. Je ne vous présente plus le C2D, vous le connaissez.

Ici, au Cameroun, il y a une organisation qui s’appelle la plateforme dette, qui a aidé dans le suivi indépendant du C2D, et nous vous assurons que les résultats ont permis d’accélérer un certain nombre de projets, de rendre les projets adéquats entre ce qui était prévu et ce dont les populations ont besoin, et de s’assurer que les populations sont véritablement impliquées et s’approprient la façon dont les projets sont mis en oeuvre.

C’est un bel exemple, que nous aimerions reprendre, en proposant que le Conseil et d’autres membres de la société civile participent à l’appui, à l’élaboration, à la mise en oeuvre et à l’évaluation des politiques de développement. Donc, s’il fallait résumer, il y a trois propositions. La première, voilà, j’ai beaucoup de papiers, c’est donner une nouvelle impulsion aux relations entre les collectivités locales françaises et camerounaises. La deuxième, c’est d’accélérer l’émergence des nouvelles forces sociales en France et au Cameroun, notamment dans les secteurs politiques, de citoyenneté, d’entrepreneuriat, universitaires, par le secteur public et le secteur privé.

Et la troisième serait de construire un système de transparence et de redevabilité, impliquant les sociétés civiles françaises et camerounaises. Merci pour ces trois points synthétiques, chère Michelle. Pour finir, Monsieur le Président, nous pensons, et je parle au nom de tous mes camarades avec lesquels on a réfléchi, et je vous jure, Monsieur le Président, la recherche de consensus était très difficile, on pense que tout ça ne sera possible qu’avec une gouvernance.

D’abord de donner au Conseil cette dimension régionale, en tout cas celle pour laquelle vous travaillez, mais surtout avoir la réciprocité française, parce que nous aussi, on a nos difficultés. On n’est pas venus parler de ça, mais nous, ce qu’on souhaite, Monsieur le président, c’est mettre en place ce Conseil-là, dans les trois prochains mois, en tout cas à travailler à le faire et Je m’engage pour l’Afrique.

prendra sa part à construire ça, à la fois au niveau français mais aussi au niveau européen, parce qu’on en a besoin. Je pense qu’on a tenu les temps et tout le monde est très fier de nous. Merci à tous ! Au vu de ce que nous venons d’entendre, je crois que les choses sont définitivement lancées. Vous en convenez, Monsieur le Président.

Merci Mesdames et bravo encore. Le deuxième groupe à prendre la parole a réfléchi sur le thème de l’entrepreneuriat, de l’innovation et du développement durable.

Ces rapporteuses sont Mesdames Jeanne-Rosy Esso et Sarah Pellerin. Je vous prie de bien vouloir les accueillir pour leur présentation. Je suis Rosy Esso, vice-présidente du Conseil.

Monsieur le Président, en France et au Cameroun, les effets des changements climatiques se font durement ressentir : les inondations, les feux de forêts, la canicule et la dégradation des terres créent des conditions favorables à l’émergence de crises multiformes. À titre d’exemple, les zoonoses telles que le COVID-19 devenues des crises sanitaires internationales, nous ont rappelé à suffisance que le monde était une famille.

Pour adresser cette situation, Monsieur le Président, vous avez mis la question du climat au plus haut de votre agenda politique. D’ailleurs, en 2017, vous vous fixiez l’objectif neutralité carbone en 2050. Au Cameroun, beaucoup de choses sont faites, notamment le Plan national d’adaptation aux changements climatiques qui définit vraiment les stratégies pays pour la lutte contre le changement climatique.

À côté des efforts des États, les jeunesses, au Cameroun et en France, s’engagent et contribuent au quotidien malgré les énormes difficultés que nous rencontrons, à travailler dans le domaine du développement durable, de la sensibilisation et, surtout, nous contribuons à la formation des acteurs sur le terrain.

Monsieur le Président, nous allons aujourd’hui vous proposer d’agir sur deux plans qui permettront de renforcer les liens dans le domaine du développement durable, le premier plan étant institutionnel et le deuxième du secteur privé sera présenté par Sarah, qui va parler d’entrepreneuriat vert. Sur le plan institutionnel, notre première proposition c’est que vous puissiez, Monsieur le Président, porter un plaidoyer auprès des institutions européennes afin que soit créé un Institut Afrique-Europe pour l’innovation verte. Cet institut visera à promouvoir la recherche et le développement en matière d’innovation verte, notamment dans les secteurs de l’économie circulaire.

Ce dernier oeuvrera aussi, entre autres, à développer et transmettre le savoir-faire existant et ancestral, afin de le mettre au service de la population.

Par exemple, les forêts du bassin du Congo sont notre patrimoine mais aussi le poumon de l’humanité. Nous voulons donc, via l’économie circulaire, créer des filières durables, créatrices d’emplois pour les jeunes, que les jeunes trouvent un intérêt à la conservation des écosystèmes forestiers. Le deuxième point, ce sera de concevoir et mettre en oeuvre un programme  » uni vert sité  » : université verte.

Via une plateforme de laboratoire d’accélération à l’économie circulaire, le programme consistera en un parcours d’échange numérique, formations et données ouvertes, en partenariat avec les universités francophones, offrant des programmes en économie circulaire, économie sociale et innovation en développement durable. Il offre la possibilité d’accéder à une résidence au sein d’un des laboratoires d’accélération administrés en partenariat avec l’AFD.

Le troisième point, ce sera de mettre en place un fonds patient pour le financement des projets collectifs. Ces projets, portés par des partenaires d’affaires situés à différentes étapes d’une chaîne de valeurs communes, permettront de créer une boucle de circularité. Ce fonds financerait des projets visant à renforcer la collaboration entre les organisations des acteurs qui travaillent sur les questions environnementales dans les deux pays, ainsi que la sensibilisation et la vulgarisation des enjeux liés à la conservation des écosystèmes forestiers. Enfin, Monsieur le Président, il faut que les voix de terrain remontent. La remontée des voix du terrain, ces relais de la société civile que nous sommes, doivent pouvoir traduire les réalités locales et être parties prenantes du processus de prise de décisions.

D’ailleurs, dès la COP 27 au Caire, nous souhaiterions pouvoir être entendus. Les acteurs pourraient, par exemple, avoir des délégués qui monteraient vers ces instances-là pour porter leurs voix auprès des plus hautes institutions. Ceci, Monsieur le Président, parce que les décisions que vous prenez lors de ces négociations, c’est nous qui les payons. Je vais à présent passer la parole à Sarah, ma soeur, qui vient de France, qui est créatrice d’une startup et qui va développer la solution entrepreneuriale.

Monsieur le Président, [INAUDIBLE] [INAUDIBLE] [INAUDIBLE] [INAUDIBLE] [INAUDIBLE] [INAUDIBLE] Qu’elle s’appelle Arlande et contribue, à travers sa startup EwoSmart, au verdissement des territoires, ou qu’il s’appelle Jeffrey Daniels et recycle des déchets avec sa startup Pyroplace, qu’ils ou elles soient des entrepreneurs, opèrent des incubateurs comme Jean-Patrick ou contribuent au développement des cadres réglementaires comme Sophia, qu’ils viennent de France, du Cameroun ou des deux à la fois, les acteurs de l’entrepreneuriat vert sont et seront les moteurs essentiels de nos transitions respectives vers des économies bas carbone et respectueuses des écosystèmes environnementaux.

Nous sommes collectivement convaincus que l’innovation et l’entrepreneuriat verts sont l’une des clés de la réponse au défi de la préservation de notre planète. Nous proposons aujourd’hui d’activer trois leviers qui permettront de renforcer les liens dans le domaine de l’entrepreneuriat vert entre le Cameroun et la France.

Un, l’accompagnement. Deux, le cadre réglementaire. Trois, l’investissement.

Concernant le premier levier, nous proposons de développer, d’ici janvier 2023, un outil commun d’accompagnement à l’entrepreneuriat vert qui permette le transfert de connaissances et de compétences de part et d’autre via l’open data. Cela comprendrait notamment les connaissances développées par la formation à la rédaction de business plans ou le développement et la distribution de compétences techniques via l’open innovation. Cela permettrait aussi de cartographier les acteurs et les financements au sein de chaque écosystème. On y retrouverait, d’une part, les potentiels soutiens, donc les incubateurs, les fonds d’investissement, les sites de R&D et, d’autre part, les potentiels partenaires ou mentors dont les startups de l’écosystème et les entreprises établies qui travaillent sur les mêmes thématiques. Enfin, ils permettraient de se rencontrer virtuellement ou en physique, pour faciliter la circulation des informations et le partage d’expériences.

Deuxième levier : le renforcement du cadre réglementaire qui est une condition sine qua non à l’expansion de cet écosystème d’entrepreneuriat vert.

Ce cadre doit permettre notamment de libérer les potentiels des innovations, ainsi que les mesures à mettre en oeuvre pour permettre la valorisation des entrepreneurs dans ce domaine. Enfin, l’entrepreneuriat vert ne saurait se pérenniser sans investissement. Nous proposons que les acteurs que nous sommes créent un label Investissement vert, qui serait décerné par exemple par l’Apave, aux fonds et entreprises qui allouent un pourcentage de leur capacité d’investissement à l’entrepreneuriat vert.

Vous auriez ici un rôle à jouer pour inciter les fonds et les entreprises à adopter ce label.

Nous sommes convaincus que ces quelques pistes ne sont qu’une esquisse du plus grand tableau que nous pourrions peindre ensemble. Ce qui était hier notre engagement individuel est devenu aujourd’hui notre engagement collectif. [INAUDIBLE] [INAUDIBLE] [INAUDIBLE] Merci. Je ne dirais pas de mieux en mieux. Je vous remercie, Mesdames.

Le troisième groupe de travail a échangé sur un sujet dont l’importance n’est plus à souligner, Monsieur le Président : l’histoire, la culture et les patrimoines. Il est lourd d’enjeux, je n’en dirai pas plus pour le moment. J’invite à me rejoindre, pour leur restitution, Madame Karine Ramondy et Monsieur Blick Bassy. Merci, Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs les Ministres, chers participants aux tables rondes, Mesdames et Messieurs, si on m’avait dit il y a douze ans, quand j’ai commencé mes recherches sur l’histoire de la décolonisation du Cameroun ou des indépendances, que je serais là ce soir, je pense que je n’y aurais jamais cru.

J’ai accepté d’être ici à l’invitation de la société civile française et camerounaise. Je voudrais remercier tous ceux qui ont travaillé avec nous : [INAUDIBLE], Nadège, Rachel, Benoit et Blick, bien sûr. J’espère que je n’oublie personne sous le coup de l’émotion, et Nadine et Coline, bien évidemment, qui ont été les chevilles ouvrières de ces deux jours. Merci, en tous cas, de nous accorder ce temps de parole. Un temps de parole très important puisqu’il s’agit ici de travailler, et très vite est apparue la question d’histoire et de mémoire, dans un premier temps, avec ce préalable de la nécessité de rétablir les faits historiques, d’approfondir et de partager nos connaissances sur notre histoire commune car nous ne partons pas de rien, et particulièrement sur les épisodes de répression coloniale et postcoloniale.

Il nous est apparu qu’il était temps de nommer explicitement la guerre du Cameroun.

Il s’agit aussi de travailler les mémoires. Ces mémoires sont plurielles, parfois fragmentées, dispersées, antagonistes, et pourtant elles sont essentielles au travail d’histoire et de mémorialisation. Nous avons plusieurs propositions concrètes. Je prendrai la parole, tout d’abord, pour parler de celles qui sont autour d’histoires et mémoires.

Ensuite, je laisserai la parole à Blick, bien évidemment, qui parlera d’aspects plus culturels. Première proposition concrète : la création d’une commission pluridisciplinaire conjointe, composée d’acteurs internationaux (historiens, chercheurs, artistes, écrivains et cinéastes), impulsée par le Conseil pour le suivi des recommandations du nouveau Sommet Afrique-France, qui devra s’appuyer sur les laboratoires de recherche existants. Cette commission devrait être mise en place d’ici trois mois. Elle devra travailler à l’identification, à la collecte et préservation des archives écrites et orales nécessaires à l’écriture d’une histoire commune.

Elle devra aussi travailler à l’identification et à la valorisation de lieux de mémoire, y compris les lieux de répression, à réhabiliter les figures emblématiques, sans oublier les figures emblématiques féminines, des résistances et des luttes des indépendances.

La création de cette commission et la production d’un rapport devraient intervenir d’ici 24 mois, ce qui permettra de mettre les politiques de mémoire franco-camerounaise au coeur de votre agenda, Monsieur le Président. Les recommandations de cette commission auront vocation à être partagées, partagées avec l’État du Cameroun, mais aussi avec les autres pays concernés par cette page d’histoire.

Car nous ne sommes pas seuls, on pourrait par exemple penser à la Grande-Bretagne. Deuxième proposition concrète : organiser la collaboration franco-camerounaise en termes de recherche scientifique, et favoriser la valorisation et l’accès aux archives d’ici douze mois, avec évidemment un appui sur les institutions existantes : les universités françaises, camerounaises, le Collège de France, l’EHESS, les lieux culturels qu’il ne faut pas oublier évidemment, dans cette pratique, la création de programmes de recherche conjoints et de chaires collaboratives. Nous avons un cruel manque de postes, de postes universitaires, de chaires junior sur ces questions.

Évidemment, ces chaires, ces postes et ces programmes permettraient la mutualisation des compétences, le financement de thèses codirigées, qui se font déjà informellement mais qui nécessitent des moyens, la transmission des connaissances, la diffusion et la vulgarisation des travaux par des publications scientifiques, artistiques, et évidemment par des versions numériques. Troisième point, et c’est un point très important : s’assurer de l’accessibilité aux archives, c’est très important, et plus spécifiquement les ouvrir à tous les chercheurs.

Pas seulement à cette commission, mais les ouvrir à tous les chercheurs qui font un travail scientifique sur les mémoires. Pour ce faire, nous vous soulignons la nécessité de réfléchir très rapidement, Monsieur le Président, aux lois françaises en faveur de l’accès aux archives, et notamment de repenser l’instruction générale interministérielle sur la protection du secret de la défense nationale, appelée IGI 1300, qui a refermé des archives qui étaient accessibles relativement facilement aux chercheurs en France. Nous insistons sur la nécessité, pour la France, ce sera la troisième proposition concrète, sachant que j’ai décliné un peu le point numéro 2, de reconnaître les exactions commises pendant la période coloniale, notamment l’assassinat de Ruben Um Nyobè et de Félix Moumié.

Nous avons tous souligné l’importance d’un geste mémoriel fort, pourquoi pas la pose d’une plaque, une commande d’oeuvre d’art, donner des noms de rues en France à des figures majeures de la lutte pour les indépendances. Commençons chez nous. Enfin, évidemment, ce travail et ces propositions concrètes devront déboucher sur un aspect très important, en transition avec ce que tu vas dire, Blick : l’intégration, dans les programmes scolaires français, de cette histoire commune. Enseigner de façon exhaustive et complète, parce que ces nouveaux narratifs, nous en avons besoin pour une meilleure conscience des histoires partagées. Merci beaucoup Karine.

[INAUDIBLE] c’est la parole qui règle les palabres. [INAUDIBLE] en camfranglais, le camfranglais c’est le créole camerounais qui est un mélange de la langue française et des 270 différentes langues du Cameroun et de l’anglais de nos frères anglophones. Avant de dire les quelques propositions, je voudrais juste rappeler qu’en arrivant ici j’ai invoqué tout de suite mes ancêtres pour qu’ils soient là ce soir et, parmi mes ancêtres, il y a notamment Ruben Um Nyobè, [INAUDIBLE], Moumié et Douala Manga Bell.

Ils sont tous là ce soir, donc les promesses qui seront faites ce soir, si elles ne sont pas tenues, le mauvais oeil va frapper tous les responsables. Pour avoir discuté avec Monsieur le Président, avoir eu la chance d’avoir discuté longuement avec Monsieur le Président dans l’avion, très décontracté d’ailleurs, j’étais surpris parce que vraiment c’était surprenant de simplicité, et j’espère qu’ici, chez moi, je pourrai aussi avoir accès aux dirigeants de mon pays, je vais donc rapidement parler, puisque nous avons eu longuement le temps de discuter, et je vais aller directement aux propositions concrètes.

La première serait donc sur la question de la mobilité, parce qu’il faut faciliter la mobilité pour les biens et les personnes entre le Sud et le Nord et inversement.

Faciliter les démarches d’obtention de visas ainsi que les démarches autour du passeport talent, à travers la mise en place d’un référent mobilité artiste car les difficultés administratives vont contre une politique de circulation culturelle partagée. Pas de culture sans mobilité. Faire confiance aux acteurs des sociétés civiles africains, français et de la diaspora en s’appuyant sur leur expertise du terrain. La Maison des mondes africains et des diasporas, en tant que collaborateur privilégié, s’appuiera alors sur eux et utilisera ses compétences et rapports dans ses actions.

Sensibiliser les acteurs culturels européens aux problématiques de terrain : actorielles, patrimoniales et ethniques, dans la conception des expositions. La troisième proposition, c’est autour des industries culturelles et créatives qui sont la clé de la coopération qui lie nos deux pays.

À travers la création d’ICC Africa, un dispositif qui intégrerait une plateforme de création et de diffusion de contenus narrant un récit commun galvanisant. Ce dispositif permettrait également d’implémenter, sur le continent, un événement culturel annuel réunissant les acteurs économiques français, africains et issus de la diaspora. Nous souhaitons un renfort financier des dispositifs actuels, à l’instar des Digital Africa, ce qui permettrait d’accélérer la démocratisation et l’accès aux nouveaux métiers issus du digital par le biais d’échanges et de coformations à distance entre nos populations respectives, l’inclusion des femmes étant au centre de cette démarche.

Sur la question des restitutions, mettre en oeuvre un dispositif législatif qui permettrait de fixer des principes généraux pour la restitution des oeuvres culturelles, à l’exemple d’une loi cadre.

Il est important de créer une légitimité autour des sociétés civiles qui sont souvent à l’origine des demandes. L’idée serait de centraliser les demandes et de les faire remonter aux acteurs concernés par le biais d’un référent français en lien avec les professionnels du patrimoine camerounais. La restitution intellectuelle et documentaire sera à considérer, lorsque cela est possible, pour engager des chantiers et préparer les retours des objets ou des oeuvres, sortir de l’impasse et, enfin, mettre en place un prélèvement sur les recettes des musées français qui exploitent des objets camerounais. Il sera alors possible de construire une relation productive gagnant-gagnant, dans un rapport d’égal à égal, une relation qui réenchante nos relations futures.

Merci. Merci et bravo. On est encore montés d’un cran. Merci à vous. Dans la logique de ce que disent Karine et Blick, je voudrais rappeler à votre bon souvenir, Monsieur le Président, distingués invités, Mesdames et Messieurs, et j’en ai le prétexte par la présence de Monsieur Emmanuel Kasarhérou, le président du Musée du Quai Branly, la première saison culturelle du Cameroun à Paris qui vient de se tenir et qui s’est achevée le 17 juillet dernier, avec cette magnifique exposition sur la route des chefferies du Cameroun, « du visible à l’invisible » et avec, également, cette programmation montée par l’Institut français, les équipes de Diane [INAUDIBLE] au Théâtre de la Ville, tout cela évidemment sous la houlette de Son Excellence Monsieur Christophe Guilhou, l’ambassadeur de France au Cameroun.

C’était un bel événement qui a également eu une partie économique parce qu’aujourd’hui les industries culturelles et créatives sont vraiment au centre de la création de la valeur. On s’en rend bien compte avec tout ce soft power dont nous parlons de plus en plus aujourd’hui.

Il y a eu des journées économiques à l’ambassade du Cameroun qui ont également bénéficié de la bienveillante attention de Son Excellence Monsieur André-Magnus Ekoumou, l’ambassadeur du Cameroun en France. En tout cas, une grosse mobilisation des autorités françaises et camerounaises qui a donc permis, pendant quatre mois au Cameroun, d’avoir une visibilité inédite. Merci pour cela, Monsieur le Président, À présent, nous achevons la séquence des restitutions.

Nous en tirons beaucoup d’énergie, vous vous en rendez compte, et un grand optimisme sur les lignes qui pourraient s’écrire à partir de la rencontre de ce jour. Excellence, Monsieur le président de la République, je vais donc vous prier à présent de bien vouloir réagir aux propositions qui viennent d’être faites, de nous faire part de votre propre vision et de vos réflexions sur ces questions d’intérêt majeur pour nos pays et nos peuples. Distingués invités, Mesdames et Messieurs, je vous prie de bien vouloir accorder votre bienveillante attention à Son Excellence Monsieur Emmanuel Macron. Je suis très heureux d’être parmi vous.

Je vais commencer par remercier Monsieur Yannick Noah, qui nous accueille chez lui avec beaucoup d’hospitalité.

On a vécu un très bon moment juste avant et je tenais à l’en remercier. Je voulais vous remercier toutes et tous qui êtes là et remercier l’ambassade et l’ensemble des équipes qui ont fait un très gros travail, je le sais, d’organisation, et remercier vraiment tous les membres du Conseil, son président en premier chef qui a lancé la session ce soir, mais tous celles et ceux qui ont passé beaucoup de temps aujourd’hui et ces derniers mois depuis Montpellier, pour justement faire vivre ce débat au fond et cette maïeutique un peu nouvelle parce que c’est de ça dont il s’agit. Enfin, je voudrais remercier les membres de la délégation qui m’accompagnent. Beaucoup ont pris de leur temps. Je ne vais pas du tout, moi, faire un discours.

Je ne sais pas ce qui était prévu mais j’ai pris des notes en vous écoutant donc je vais plutôt réagir à ce que j’ai entendu, ça me semble plus efficace. Sinon, je peux vous faire un discours qui était prêt avant mais, à mon avis, il va vous sembler que je ne vous aurai pas totalement écoutés. Démocratie et gouvernance, c’était vous. Vous avez fait trois propositions et je voulais faire, peut-être, une réflexion d’ensemble. J’ai bien aimé la manière dont vous avez abordé le sujet.

C’est un peu comme ça, moi aussi, que je l’aborde, c’est-à-dire que la France n’a pas de leçon à donner à qui que ce soit et je pense que, par rapport à il y a 20 ans, les démocraties libérales occidentales sont moins bien pour expliquer vers où tout le monde devrait aller.

On ne va pas se mentir totalement. Parce qu’on traverse tous des crises qui bousculent nos opinions publiques et donc l’espèce de processus auquel on s’était habitués, si je puis dire, par imitation, qui consistait à dire nous sommes l’objectif que vous avez vocation à atteindre et, au fond, votre histoire démocratique est une histoire de rattrapage et ça va bien se passer, je pense que c’est beaucoup moins convaincant aujourd’hui.

Je suis obligé d’être lucide. Donc le point est pris, vous avez raison.

Néanmoins, je ne voudrais pas qu’on tombe dans un relativisme qui consisterait à dire que nos démocraties libérales qui vivent des vraies crises, c’est devenu la même chose que les régimes autoritaires ou que des gens chez qui il n’y a jamais d’élections. Ce n’est pas vrai non plus. Au fond, quel est l’objectif d’un système démocratique ? C’est d’essayer d’avoir des mécanismes de représentation légitimes et de se dire que les gens qui décident le font au nom du peuple. Ce n’est jamais parfait parce que le débat c’est est-ce que ça doit être représentatif ou direct ?

Est-ce que c’est un système majoritaire ou proportionnel ? Ce sont des tas de débats, mais avoir des représentants qui vont décider et légiférer au nom du peuple et avoir de manière régulière des élections et, ensuite, trouver des mécanismes pour aller plus loin. Je dirais que les deux premiers volets, quand même, ça marche plutôt pas mal dans les démocraties occidentales.

Je le dis avec d’autant plus d’humilité que, si ça ne marchait pas, je ne serais pas là devant vous. Je le dis parce qu’en sincérité et respect, je suis impossible au Cameroun.

C’est vrai. Quelqu’un aurait voulu faire ce que j’ai fait en France au Cameroun, ce n’était pas possible. Donc c’est quand même mieux. La question, c’est comment ? Nous, on a un défi commun qu’on n’a pas réussi à résoudre et que votre serviteur, je me bats depuis cinq ans, c’est de se dire que, dans nos sociétés hyperconnectées où l’opinion publique mondiale est là, les émotions sont mondialisées et où il y a une volonté, pas simplement de délibérer, parce que j’entendais ce que vous disiez, mais de participer, comment on arrive à donner une place aux citoyens mais pas simplement qu’au moment des élections.

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Il y a les référendums. Je pense que nous, on va essayer de réformer les choses en ce sens. On a mis en place des conventions citoyennes. Il y a des trucs que j’ai réussis et d’autres que j’ai ratés mais on a à réinventer un modèle démocratique partout, ça c’est vrai. C’est au fond de la vitalité démocratique qui est de se dire, au-delà du simple sujet des élections, comment on arrive à ce que les citoyens d’une nation participent à la décision pour la faire ?

Moi, je retiens ça de ce que vous avez dit et, là, on est à peu près tous face aux mêmes défis et on n’a pas de leçons à donner parce qu’on est en train de tâtonner et de chercher. On y arrive ou on n’y arrive pas, et c’est ce qui explique d’ailleurs les sujets d’abstention pour partie, etc. Après, je pense que plus généralement, je me permets ce petit détour mais je ne vais pas aller plus loin, je pense qu’on a sous-estimé le changement anthropologique qui va avec les réseaux sociaux, on en parlait ce matin avec certains d’entre vous, qui est très dur pour les démocraties parce que la démocratie, à un moment donné malgré tout, c’est de dire on produit de l’intérêt général et on accepte que ce ne soit pas exactement ce que je pense, et on décide de désigner des représentants qui ont une légitimité démocratique.

Donc, quelque part, avec le mandat que je leur ai donné pour un temps sur un sujet, je leur dépose mon pouvoir. Après, ils seront débiteurs devant moi parce que je dois leur rendre compte.

Le système des réseaux sociaux fait qu’on a un peu détricoté ce truc et qu’il n’y a plus même d’autorité démocratique. C’est très dur de faire fonctionner des démocraties et de prendre des décisions avec ce qui doit les accompagner, c’est-à-dire que 100 % des gens ne peuvent pas être contents quand on prend une décision. Donc il y a une espèce de rêve impossible, je le disais ce matin, de pureté, ou en tout cas de capacité à répondre à toutes les individualités, qui rend les démocraties malheureuses dans le temps que nous vivons. Il va falloir qu’on règle ce sujet, il est immense, et il va falloir aussi qu’on rediscipline nos réseaux sociaux parce que la démocratie va avec la renonciation à la violence et le respect, et on est en train de le perdre.

C’était ma première remarque d’ensemble pour dire vous avez raison, on n’a pas de leçons à donner.

Néanmoins, les démocraties libérales ont quelque chose de plus que dans les endroits où ça ne fonctionne pas, c’est quand même la capacité à créer des systèmes d’alternance, de régénération du pouvoir et de rendez-vous électoraux. Cela, malgré tout, je pense que le continent africain en a besoin, vous en êtes la preuve vivante parce que vous devriez faire ça devant des chaînes de télévision camerounaises et des débats publics camerounais plus qu’avec le président de la République française, en tout cas avant, si j’étais très insolent, en tout cas autant que vous.

Bon, une fois que j’ai dit ça, j’ai envie qu’on avance tous sur ce volet. Ce que vous avez dit sur la coopération des villes, je trouve que c’est un axe formidable, il faut qu’on le redéveloppe. La vérité, c’est qu’en fait ça existe, c’est la coopération décentralisée.

Sans doute a-t-elle perdu sa vitalité et sa visibilité donc il faut qu’on lui redonne. Point pris, je pense qu’avec les ministres on vous a entendus. Ça veut dire qu’il faut qu’on redonne surtout de la capacité, et je trouve que c’est le fil rouge de vos propos, à le bâtir différemment. Moi, j’ai été frappé ce matin dans l’échange qu’on a eu et là en vous entendant. Au fond, ce que vous demandez, ce qui me paraît très juste, et je pense que ça correspond à ce que je ressens aussi de notre action sur le continent africain et au Cameroun, c’est qu’on doit construire la stratégie, bâtir les instruments et les évaluer beaucoup plus en partenariat et en associant celles et ceux à qui c’est destiné.

C’est vrai pour la coopération décentralisée et c’est vrai, plus largement, pour ce qu’on doit faire collectivement. Cela rejoint votre troisième proposition qui était le système de transparence et de redevabilité, mais j’aurais envie de l’insérer dans quelque chose de plus large qui est, le mot de co-construction est un peu galvaudé, de se dire qu’on doit faire quelque chose de beaucoup plus transparent. Moi, je suis frappé, on fait beaucoup de choses. L’Agence française de développement, Business France, on fait plein de trucs mais les Français le savent très peu et vous, vous le savez très peu.

Donc quelque part on rate un embranchement.

Parfois, on fait des choses qui sont le fruit d’un dialogue avec les pouvoirs publics mais peut-être insuffisamment avec la société civile, je le dis à Monsieur le Ministre, il faut peut-être qu’on arrive à réarticuler ça, mais il faut qu’on le rende du coup plus lisible en associant à cette stratégie la société civile en amont et éviter de dire qu’on a une solution à un problème que vous ne vous êtes jamais posé, ça marche moyen, mais essayer aussi de participer à cette maïeutique qui consiste à faire émerger le problème, à construire ensemble les solutions qui permettent de répondre à ce problème sur un mode partenarial et, ensuite, comme cela a été très bien dit, à ouvrir les données.

Moi je suis à fond pour parce que c’est ce qui permet de lutter contre la désinformation. À mon avis, ce sera une force parce que vis-à-vis, là aussi pour être toujours aussi diplomate et diplomatique, les Chinois et les Russes ne feront jamais ça, donc à mon avis c’est une super chance pour nous de l’ouvrir, donc je suis pour le faire. Et qu’après il puisse y avoir un processus d’évaluation, parce que l’évaluation va se faire sur cette data mais, après, il faut un retour des personnes qui le vivent et l’expérience qui en est tirée. Tout dernier point, je ne suis pas d’accord avec ce que vous avez dit sur le fonds du professeur Achille Mbembe.

D’abord parce que, vous l’avez compris, je pense qu’il n’y a pas d’ambiguïté dans le mot démocratie. Il y a une exigence, c’est le pouvoir au peuple. La question c’est jusqu’où on va ? Mais il faut faire hyper attention, je suis frappé, dans ce moment qu’on vit, il y a une crise des démocraties libérales, je le disais, mais elle est utilisée par des démocraties libérales ou des régimes autoritaires pour faire croire que ce serait la même chose ou que ce serait mieux.

Si vous tombez dans ce piège, c’est fini.

Ce n’est pas avec le président Poutine ou avec d’autres que vous ferez ce genre de débat, je vous le dis en toute sincérité. C’est la vérité, ce n’est pas pareil. Avec son fonds, je pense qu’il y a un piège dans lequel on ne veut pas tomber, il l’a dit très clairement, ça ne doit pas être un fonds pour financer les oppositions politiques, parce que là on va avoir un énorme problème, Monsieur le ministre va devoir quitter la salle…

Non, mais ça ne sert pas à ça. Par contre, on a besoin de réussir à faire émerger, ça correspond à ce que vous disiez sur l’appui à la jeunesse et à partir du bas, à avoir un processus à la fois de recherche et d’action, comme cela a été dit, un peu de laboratoire in vivo, où on dit où sont les forces de changement. Pour moi, c’est ça qu’il faut qu’on accompagne avec beaucoup de modestie et de précautions, c’est de se dire que la démocratie permet des alternances, des changements et des respirations parce que personne n’a totalement la vérité. Donc il faut réussir à accompagner des forces qui vont enrichir l’action publique, la compléter, parfois prendre les responsabilités et aider les gens qui, dans la société civile, portent des forces de transition de changement à émerger.

Après les gens en font ce qu’ils veulent, c’est un système qui doit vivre sa vie localement.

Ce qui est vrai, c’est que je pense que notre action serait beaucoup plus forte et qu’on ferait oeuvre utile si on n’aidait pas forcément que la jeunesse, mais des forces sociales et intellectuelles qui sont prêtes à agir sur la base de propositions qui seraient évaluées par des comités indépendants, mais qui peuvent être d’ailleurs vous. Je trouve que le Conseil peut être un peu au début de ce que serait une forme de comité de ce laboratoire. Je ne vais pas m’aventurer plus loin parce que je vais vous dire en plus, en toute sincérité, je crois à l’idée. On a sanctuarisé du financement mais, pour que ça marche, il est nécessaire que je ne m’en mêle pas trop. Parce que, si je m’en mêle, ce sera suspecté d’être un instrument d’influence ou de contestation.

Donc je pense que ce qui est très important, c’est que ce soit approprié par les femmes et les hommes qui font la société, en l’espèce camerounaise mais dans tous les endroits où on le fera émerger, pour le faire vivre, et que ce soit un processus et là encore une maïeutique. C’est-à-dire que sans doute on va rater, on va corriger et on va s’améliorer mais je pense que c’est important et que ça permet de faire avancer le sujet.

Je ne vais pas être plus long, ça, c’était sur le premier volet démocratie-gouvernance. J’espère avoir essayé d’abord de répondre à vos interpellations et vos trois propositions, et d’avoir dit à mes yeux où on se trouve et, malgré tout, d’avoir rétabli deux ou trois choses auxquelles je crois. Développement durable, la planète.

D’abord, pareil, j’ai une une conviction que je voulais partager. Vous l’avez dit en reparlant de ce qu’on a vécu récemment et de l’expérience collective vécue en temps de COVID-19, qui est notre vulnérabilité en tant qu’appartenants au vivant. Je pense que, maintenant, l’agenda qu’on doit structurer c’est celui d’un tout où la lutte contre le dérèglement climatique est inséparable de la lutte pour la biodiversité et pour la santé mondiale.

C’est un continuum et je pense que ces combats, si on veut être beaucoup plus efficaces, doivent se tenir comme un tout. Ce qui permet d’ailleurs de faire énormément d’innovations, y compris en termes d’action publique et d’action collective.

Je dis ça, je l’ai découvert collectivement avec vous tous ces dernières années, ce n’est pas du tout ce que je pensais il y a cinq ans.

J’étais ignorant là-dessus, je pense qu’on l’a vécu collectivement très fortement. Par rapport à cela, sur les propositions institutionnelles que vous faites, je suis très partant. J’ai retenu au fond deux grands axes. Le premier, c’est de structurer, de l’université aux projets, des grands canaux d’avancée commune.

Je propose qu’on y travaille dans le cadre de nos partenariats et qu’on développe, sur cet axe, l’axe universitaire et l’axe entrepreneurial, le sujet à la fois biodiversité, changement climatique et one health, si je puis dire, pour financer des projets communs, des programmes, former les talents, les former des deux côtés, permettre des programmes croisés et des projets.

Sur l’idée de votre institut, je trouve que c’est une bonne idée. On pourrait essayer d’avancer en marchant et essayer de bâtir, avec tous les pays qui seraient prêts à suivre votre proposition en Afrique et tous ceux qui seraient prêts à nous suivre en Europe, déjà une espèce de première délégation à la fois de jeunes et de scientifiques africains et européens, pour essayer d’aller ensemble à Charm el-Cheikh et, ensuite, de structurer sur les deux prochaines années l’agenda commun. Et donc, je propose d’essayer d’en faire, parce que si je vous dis qu’on va faire un institut, on va mettre deux ans à faire une structure et on va se poser des problèmes juridiques, donc déjà créons cette équipe. Moi, je crois pas mal à la logique de commando, vous l’avez compris, c’est un peu ce que vous avez fait aussi.

Donc mettons en place une préfiguration de cet institut entre l’Afrique et Europe. L’idée, c’est de structurer une approche commune, de défendre des mêmes logiques et de faire bloc. Je pense que c’est une super idée. Donc chiche pour Charm el-Cheikh. On se donne rendez-vous pour l’Égypte et on aura structuré cela.

On va sourcer un peu les talents de celles et ceux qui sont prêts à le faire, et on va proposer à plusieurs pays africains et européens de faire ça avec nous. J’irai à Charm el-Cheikh de toute façon à l’automne donc vous serez avec moi. Ensuite, sur les sujets entrepreneuriat, je pense que les trois éléments que vous avez évoqués sont les bons. Là-dessus, on a des programmes qui existent déjà. La question, c’est comment en effet verdir beaucoup plus et repenser même la logique de ce qu’on a structuré, parfois de manière imparfaite.

On était tout à l’heure aussi avec des acteurs du monde agricole parce que je crois beaucoup à cette initiative alimentaire, mais accompagnement, cadre réglementaire et investissements, c’est clé.

Le plus compliqué, c’est le cadre réglementaire. C’est le plus compliqué parce que, là, il faut une structure étatique, en tout cas, ou régionale. Il faut que ça permette de créer les bonnes incitations sans bloquer l’action. Donc je vous ai entendue, je n’ai pas la réponse comme ça, sous la main, directe parce qu’au fond je ne pense pas qu’on ait le degré suffisant de maturité et d’intimité dans la relation pour créer un cadre réglementaire commun Union africaine-Union européenne.

Déjà, en ce moment, on a énormément de mal à finaliser le cadre réglementaire européen, et je vous parle d’une création juridico politique qui a sept décennies, qui est déjà très structurée et qui met beaucoup de moyens.

Par contre, sur l’accompagnement et l’investissement, oui, je pense que, par rapport à ce que vous disiez sur la logique en termes d’investissement et de labellisation, on a avancé avec le One Planet Summit, sur des labellisations d’investisseurs et d’entreprises. Je propose qu’on essaie de regarder cette méthode avec ce que vous proposez pour, là aussi, créer les bonnes incitations et que les investisseurs et les entrepreneurs puissent aller sur les bons projets qui auraient été ainsi labellisés. On est en train de développer une technologie et en septembre, à New-York, on va commencer à généraliser cette méthode parce qu’on l’a avec plein de pays.

L’idée, c’est d’embarquer aussi les Anglo-Saxons et tous les grands fonds, parce que c’est là où il y a de l’argent, pour aller vers ces logiques et flécher l’investissement sur les projets, quelle que soit leur taille, entrepreneuriaux qui correspondent aux critères que vous avez évoqués.

Voilà ce sur quoi je vous propose d’avancer mais on va, du coup, vous inclure à toutes la démarche One Planet Summit et aux financements qu’on a commencés à avancer. Blick et Karine, mémoire et histoire. Vous avez dit des choses qui étaient très fortes et je crois justes, enfin je ne crois pas, vous êtes historienne. Vous avez dit des choses qui sont importantes et, en effet, je crois que je l’ai évoqué avec quelques uns ce matin, c’est comme un sujet qui a été refoulé.

C’est un sujet qui a été refoulé des deux côtés, si on est honnêtes.

Côté français, c’est un travail qu’on fait ces dernières années. Moi, je ne crois pas du tout que ce soit de la repentance. Ce n’est pas du tout mon tempérament, au demeurant, la repentance, c’est un sujet de vérité. C’est très compliqué d’avancer si on ne se dit pas les choses. C’est ainsi dans une famille, c’est encore plus compliqué dans un peuple.

Nous, on a ce sujet avec plusieurs de nos événements de décolonisation, et parfois avec des événements antérieurs ou postérieurs. Moi, je suis pour regarder la vérité en face, crue, telle qu’elle est.

Et donc, je pense que vous avez raison. On ne peut pas construire l’avenir sur l’entrepreneuriat et le climat s’il y a cette part occultée parce qu’elle empêche la confiance. Après, moi je pense que c’est un énorme sujet pour le Cameroun, si je puis me permettre ça, parce que comme il y a une continuité, il y a eu la tentative de coup d’État de 84 mais il y a aussi des éléments de continuité très forts, ça a été quelque chose qui a été refoulé.

Et je dis ça avec beaucoup d’humilité et de respect, mais c’est un cheminement qui sera compliqué dans la société camerounaise et pour les pouvoirs publics camerounais aussi. Donc il faut l’aborder avec beaucoup de bienveillance commune et juste une volonté de vérité, parce que je pense que c’est la vérité qui permet de faire sépulture pour les martyrs qui sont morts, et c’est la vérité qui permet de bâtir l’avenir parce que c’est ce qui est le terreau de la confiance.

Par rapport à ce que vous avez dit, une commission pluridisciplinaire conjointe, je suis d’accord. Je pense que c’est une très bonne idée. J’y souscris complètement.

Je pense que les délais que vous avez donnés sont bons. Je pense qu’elle doit être pluridisciplinaire mais je pense que c’est important de distinguer les exercices, pourquoi ? Parce que je pense qu’il y a un exercice historique qui est indispensable et qui va être fait par des historiens et des historiennes françaises, français, camerounais et camerounaises, peut-être d’ailleurs par certains de vos collègues anglo-saxons, allemands ou d’autres nationalités, mais je pense qu’il faut qu’on l’assume, j’ai proposé au président Biya, qu’on l’assume de gouvernement à gouvernement pour qu’il y ait cet engagement, moi je m’y engage très formellement, avec ouverture complète de nos archives, un travail facilité, donc des rapporteurs, et j’ai noté que d’ici 24 mois un rapport soit remis. Moi, je recevrai le rapport à l’Élysée, j’en prendrai connaissance et, sur la base de ce rapport, parce que c’était l’une de vos demandes, je procéderai aux éléments de reconnaissance qui seront historiquement et factuellement identifiés.

Je pense que c’est important qu’il y ait ce cheminement historique mais aussi mémoriel parce que, vous l’avez dit, on parle d’une histoire avec des disparus, mais il y a encore des témoins de cette histoire et donc il y a un travail de collecte d’archives et de témoignages donc il y a une mémoire vivante.

Il faut vous permettre de faire ce travail, on mettra donc des moyens à disposition et on va vous permettre d’avancer et de faire ce cheminement. Sur cette base-là, je procéderai aux éléments de reconnaissance parce que ce n’est pas de la repentance, c’est de la reconnaissance. C’est juste dire voilà ce que des gens qui ont regardé les traces de l’histoire nous disent et, sur la base d’un contradictoire, voilà ce que nous reconnaissons. On va faire ensemble ce cheminement. On ne fait jamais confiance, ce n’est pas un chèque en blanc que je vous demande mais, en l’espèce, on est en train de le mener avec l’Algérie, c’est un sujet qui est beaucoup plus traumatique en France.

On a fait ce travail-là avec la commission Stora et j’ai déjà fait beaucoup d’avancées. On avait un sujet qui était, j’ai envie de dire, beaucoup plus compliqué pour la société française qui était le Rwanda, c’est exactement ce qu’on a fait et je crois pouvoir dire qu’on est sortis de ce qui était une impasse et même une absence de relations qui en avait découlé. Ce n’est pas le cas de notre relation mais, si on veut aller plus loin entre le Cameroun et la France, on doit faire ce chemin.

À côté de ça, je pense que vous avez eu raison de dire qu’il faut qu’il y ait un travail de création. On en a beaucoup parlé hier soir avec Blick et quelques uns de ses collègues, que cette commission soit pluridisciplinaire en ce que le sujet, ce sera à vous de le qualifier et à moi de le reconnaître, mais c’est clair qu’il y a eu une guerre, des exactions et des martyrs et que tous ces martyrs et ces noms, Blick a commencé dans son oeuvre et plusieurs autres l’ont fait, on leur redonne des noms, on leur redonne aussi une sépulture imaginaire, qu’on les convoque, en quelque sorte, dans la création contemporaine.

Moi aussi, ce qui m’a convaincu que c’était le cas, ce sont des artistes comme toi et quelques autres. Quand ça devient la matrice imaginaire d’une génération qui ne l’a pas vécu en propre, alors on a la preuve qu’on a besoin d’y revenir. Et donc cette idée de commission, d’une valorisation de lieux de mémoire, à la fois de réinvestir les lieux et les figures, j’y souscris et on fera ce chemin. On va jalonner cette approche avec cela. Ensuite, j’ai pris note et je suis totalement d’accord sur la coopération et la collaboration académique (recherche, chaire junior et la possibilité d’avoir plus de thèses).

Je pense que ce travail doit nous permettre de l’amorcer et je propose que cette coopération académique, on la rime en quelque sorte à ce travail et à cette commission que nous allons lancer entre nos deux pays. Sur l’accessibilité des archives, alors je crois pouvoir dire, mais je parle sous le contrôle de l’amiral que j’ai beaucoup embêté sur ce sujet, qu’on a réformé ce sujet il y a 18 mois, à la lumière des débats qu’on avait eus sur le Rwanda et la guerre d’Algérie. Je suis preneur, si vous le souhaitez, qu’à l’issue, en tant que technicienne, si je peux dire, chercheuse et académique, vous puissiez nous faire part des difficultés que vous aviez avec les gîtes récents et les autres, mais on a réformé et on a permis des accès, y compris pour le secret défense pour les chercheurs.

On a rouvert quand même beaucoup de choses, ce qui d’ailleurs était la condition de possibilité pour pouvoir avancer sur les archives rwandaises et une partie des archives qu’on avait sur la guerre d’Algérie. En tout cas, s’il y a des choses qui bloquent encore, vos confrères nous avaient sollicités et il y avait eu beaucoup de tribunes qui avaient été faites il y a deux ans, normalement on y avait répondu et c’est sous la responsabilité de la Première ministre qui gère ça, mais, en l’espèce, ses prédécesseurs avaient fait le travail avec nos équipes donc on vous répondra là-dessus.

Sur la reconnaissance, je vous ai répondu et j’ai pris l’engagement. Je pense qu’elle va avec l’intégration dans les programmes de manière évidente, c’est logique. Après, sur les artistes et la mobilité, et je finirai par là puisque c’était la fin, ce qu’a dit notre ami Blick tout à l’heure, sur la mobilité des artistes, en fait par ce biais-là Blick a abordé un des autres sujets où je vous ai trouvés un peu timides et réservés, qui est le sujet des visas et de la circulation des talents.

J’ai compris, ils ont été plus durs hier en direct dans l’avion. J’ai compris quand même que c’était un sujet qui était une source de difficulté, d’insatisfaction et de crispation.

Je vais vous expliquer pourquoi ça l’est, parce que la France et beaucoup de pays européens n’arrivent pas à bien régler ce sujet migratoire. Aujourd’hui, on le règle mal de tous les côtés. On n’est à la fois pas efficaces, pas humains et on est en train de complexifier tous nos sujets de coopération. Donc je pense que le défi des prochains mois va être d’essayer de remettre les choses dans le bon ordre. On a besoin d’une coopération académique, estudiantine, sportive, artistique et entrepreneuriale.

Je l’ai dit, scientifique et académique c’est pour moi la même chose. On doit faciliter les talents et on doit permettre, d’ailleurs, beaucoup plus d’allers et retours donc il faut qu’on trouve ce cadre. Je trouve que là où on l’a plutôt pas mal fait, c’est sur la tech où, en effet, on a mis en place des nouveaux systèmes de visas.

Ça marche mieux donc il faut qu’on arrive à le faire. Ce qui veut dire qu’on doit construire un système où on le sort un peu, pas du droit commun, mais on doit trouver des canaux et des verticaux.

Parce qu’à côté de ça, la France a aujourd’hui, comme beaucoup d’autres pays européens, une demande et une pression migratoires qui sont très fortes et qui, objectivement, nécessitent d’être régulées. D’abord parce que, si on veut bien intégrer, bien répondre et bien accueillir, on ne peut pas le faire avec des flux qui ne correspondent pas à nos capacités, alors même qu’on a déjà beaucoup investi, et parce qu’en même temps il y a beaucoup de flux irréguliers qui utilisent les canaux, si je puis dire, ou des espaces.

Par exemple aujourd’hui, en Europe, il y a un immense détournement des flux d’entrée par l’asile. Il y a beaucoup de gens et beaucoup d’organisations qui sont faites par l’asile, je vous parle toujours avec la même franchise. Quand des gens arrivent massivement venant de pays comme le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou autres, en demandant l’asile systématiquement par des réseaux qui leur ont vendu que c’était le bon truc, en payant d’ailleurs très cher pour arriver en France, ce sont des systèmes de trafic migratoire qui utilisent et qui, du coup, débordent totalement.

Ce qui fait que les équipes qui sont chargées de gérer visas et procédures, sont complètement thrombosées. Là, on a besoin aussi de pouvoir améliorer la coopération avec les pays de départ, pour pouvoir lutter contre ces passeurs, lutter contre ces réseaux et réduire ces mécanismes. Voila, c’est un ensemble, si vous voulez, ce n’est pas aussi simple qu’on voudrait bien le dire.

Je vous pose les choses, comme toujours, avec beaucoup de franchise, y compris parfois ce qu’on n’ose pas dire ici mais qui est une vérité, parce qu’il faut qu’on règle les deux problèmes en même temps. Je veux ici m’engager à ce qu’on arrive à restructurer, je n’aime pas trop ce terme, mais un peu des guichets et des systèmes d’accès pour les artistes, les scientifiques, les académiques, les sportifs et autres, beaucoup plus simplifiés.

On pourra le faire si, de l’autre côté, on a plus de coopération de la part des pays pour lutter contre les trafics et les réseaux. Donc oui et, voilà, je l’ai remis dans un ensemble. La Maison des mondes africains, et ta voisine de derrière qui y travaille beaucoup avec quelques autres et des diasporas, c’est un énorme projet. Cela, on veut pouvoir le faire décoller dans les prochains mois. On est en finalisation du site, vous pouvez compter sur moi.

On ne lâchera rien. Je pense que l’idée, c’est exactement comme ça que ça a été pensé, est que l’équipe de préfiguration qui pousse ce sujet l’a voulu et vécu et, donc, je partage totalement ce qui a été dit. J’aime bien l’idée d’avoir, on en a parlé hier, un grand rassemblement des industries culturelles et créatives. ICC Africa, je ne suis pas sûr que tout le monde comprenne, on pourrait peut-être appeler ça Création Africa ou quelque chose comme ça.

Au fond, on a un peu le début de ça parce que je voudrais rendre hommage au travail qu’avait fait N’Goné Fall, et quelques unes et quelques uns ont travaillé avec elle ici pour la saison 2020, qui a été pour moi une immense révolution copernicienne.

Elle a touché les ICC, mais pas seulement, évidemment le spectacle vivant et l’art plastique, enfin ça a été une expérience totale, mais elle a complètement changé les choses en ce qu’elle a exposé à Paris avec des curateurs et des conservateurs africains, avec des artistes contemporains et de l’histoire, en investissant des lieux qui étaient complètement coupés de la culture africaine, qu’on reléguait dans des lieux auxquels on les abonnait normalement.

Je pense que ce fil, il faut le continuer. Je sais que vous êtes en train de le continuer ici. J’ai croisé plusieurs personnes qui m’ont dit on continue, on fait déjà 2023 etc. Cela montre qu’il y a besoin d’un rendez-vous annuel autour de la scène culturelle et des industries culturelles et créatives.

Donc chiche ! Moi, je suis prêt. On a Choose Africa et Digital Africa, faisons Création Africa. L’idée étant, comme ça, qu’il y ait des artistes confirmés qui soient prêts à parrainer et à accompagner. Je pense que ce doit être totalement public-privé.

Il faut pouvoir développer les choses. Il faut que ça puisse créer des opportunités, mais qu’on fasse émerger des jeunes artistes et qu’on permette à des artistes plus confirmés d’exprimer leurs créations. Mais là aussi, il y aura des récits à bâtir, et je partage totalement ce qui a été dit.

Je pense que c’est pour moi un immense défi, et ça va faire la transition vers ma conclusion. Pour ça, je l’évoquerai dans un instant, c’est l’idée d’avoir un ou des récits communs et un peu conquérants pour les Africaines et les Africains.

Ensuite et enfin, sur les restitutions, je suis sous surveillance de la doctrine puisqu’après le discours de Ouagadougou, deux grands professeurs ont édicté notre doctrine, Bénédicte et [INAUDIBLE] qui ont fait leur travail et leur rapport, qui nous a ensuite permis d’enchaîner et de faire les premières réalisations directes. On sera demain à Cotonou. Ce sera un grand moment parce que c’est la première traduction, et on l’a fait aussi avec le Sénégal et d’autres. On sait très bien que l’objectif qu’on doit se donner maintenant, c’est une loi cadre, donc le travail est en cours. Là, il y a eu des péripéties qui l’ont un peu retardé, mais l’objectif c’est bien qu’on finisse.

Donc vous pouvez avoir mon engagement en ce sens pour qu’on ait un cadre et un processus. Ce que j’aime dans la proposition qui a été faite et le cadre de ce travail, c’est que ce soit un travail commun, conjoint et partenarial, et qu’il soit établi entre des grands scientifiques et des experts africains et français, et même d’ailleurs internationaux, et que la grammaire et les règles soient établies par eux, par un dialogue scientifique sur la manière dont les oeuvres sont sorties des pays et sont entrées dans nos collections, la manière aussi dont elles ont à être exposées, dont celles et ceux qui ont à en prendre soin ont à être formés. On voit que, derrière, pour moi ce n’est pas simplement rendre une oeuvre. Certains pays ont fait cette réflexion et sont allés beaucoup plus vite pour rendre leurs oeuvres. Moi, je n’aime pas tellement cette approche parce que ça veut dire que je m’en débarrasse.

On ne se débarrassera pas de notre passé, il est en nous, et ces oeuvres nous ont apporté et elles font partie aussi maintenant, oserais-je le dire, de notre patrimoine et de notre imaginaire. Elles ont nourri notre propre imaginaire intellectuel et intime, nos rêves. Moi, je ne suis pas né en Afrique, je n’ai pas de famille en Afrique. Certaines de ces oeuvres et de ces objets ont nourri mon imaginaire et ils font partie de ce que je ressens et de ce que je vis, et ces histoires aussi, c’est comme ça.

La question c’est où est-ce qu’elles sont le mieux ?

C’était fou que la jeunesse béninoise ne puisse pas voir ces oeuvres qui sont constitutives. Là, on les a ramenées et, avec elles, on a ramené les esprits, on a ramené beaucoup de choses qui s’étaient passées chez nous. Et c’est une histoire d’amour réinventée qui continue. Et ce qui m’intéresse, ce n’est pas la restitution, c’est le fait qu’il y ait un retour à la maison pour certaines oeuvres. Mais il y a surtout un dialogue qui commence et c’est une réinvention de ces oeuvres, bien souvent, c’est-à-dire qu’on les remet là où elles ont été inventées et où les esprits sont encore, où elles sont réinvesties en plus d’une histoire et d’une force, mais on ne casse pas les ponts, c’est-à-dire qu’il y a un dialogue et une circulation qui continuent.

Pour moi, c’est le plus important et, dans la réflexion qui a été conduite, je dirais que c’est aussi important que le fait que ces oeuvres quittent la France pour revenir. C’est un des sujets les plus silencieux et longtemps tus mais, moi je suis frappé, qui est le plus important parce qu’il dit quelque chose de la reconnaissance mutuelle, du respect et du fait que ces périodes qu’on a toujours voulu vivre et voir comme étant exclusivement sombres, ont bâti de l’inéluctable et de l’inséparable, et c’est à nous de le réinventer positivement. Après, sur le prélèvement, et je finirai là-dessus, des recettes, je vais défendre le business model d’Emmanuel et du musée Jacques Chirac Quai Branly, c’est que s’il fait ça, il ne touche plus à rien. Il faut que ce soit un travail partenarial, et je le dis parce qu’en lui rendant hommage, vous avez été très gentil tout à l’heure, on a en quelque sorte, oserais-je dire laïquement, donné notre bénédiction, mais c’est vraiment Emmanuel et ses équipes, avec les équipes de l’ambassade et vous tous, qui avez construit cette exposition.

Cette exposition a exposé à Paris des oeuvres qui ne sont pas des collections permanentes, qui ne sont pas détenues par Paris et qui vont revenir.

Par rapport à ce qui a été dit, c’est ça l’inédit de cette exposition, c’est-à-dire que c’est de montrer à Paris des choses qui ne s’y voyaient jamais. C’est de reconnaître aussi le fait historique, culturel et central, avec sa part de mystère, des chefferies, et de faire circuler ces oeuvres et ces objets. Cela, je pense que c’est, dans la démarche, dans l’approche et dans la construction, quelque chose aussi d’inédit, qui est complètement inventé et qui constitue une part de cette démarche nouvelle que nous voulons faire. Voila, pour conclure, s’il est possible de conclure ces échanges parce que nous avons soulevé un continent, il y a beaucoup de choses qu’on n’a pas évoquées. On n’a pas parlé de sport, beaucoup ici le font vivre, on n’a pas parlé de santé.

Il y a des tas de choses qui sont essentielles aussi à la relation et qui, au fond, contribuent de cette même philosophie, au fond, d’un respect, d’une réciprocité et d’une volonté de nous faire avancer toutes et tous face aux défis qui sont les nôtres. Je le disais hier avec ceux qui étaient avec moi dans l’avion, pour moi, ce qu’on fait là c’est très important pour la France. Égoïstement, je ne le fais pas simplement pour le Cameroun.

C’est très important pour la France et, vous, vous m’aidez à faire quelque chose de très important pour la France parce que nous sommes un pays qui a une part d’africanité. Nous l’avons construite avec des histoires traumatiques, des histoires d’amour, des choix et des drames, mais c’est là.

Aujourd’hui, il y a une histoire d’amour à trouver, un triangle amoureux qu’il faut raviver : la France, le Cameroun et les diasporas, et tout le monde est un peu bloqué. Le Cameroun, pardon Monsieur le Ministre, mais a du mal parfois à regarder ses diasporas. Elles sont tempétueuses. Elles sont parfois critiques, je vous rassure, du gouvernement français et du gouvernement camerounais, mais on ne critique que ce qu’on chérit le plus au monde. Le Cameroun a cet immense défi aussi d’histoire et de mémoire, et est à un moment de son histoire et de sa vie démocratique qui est clé, avec énormément de défis.

Je le dis avec beaucoup de bienveillance et de volonté d’accompagner ce moment, pour que le Cameroun le réussisse pour lui-même et pour toute la région.

L’Afrique centrale a besoin que le Cameroun réussisse les mois et les années qui viennent, c’est décisif, et qu’il ne tombe pas dans la main du confusionnisme ou du relativisme de ceux qui diraient on arrive vers vous, on a des solutions toutes faites, on a des milices, on a de la désinformation, on a des chaînes d’information, des réseaux sociaux et des soldats qui vont vous aider à passer ce moment difficile en toute tranquillité. Certains voisins sont en train de l’essayer, ça ne marche pas du tout. C’est terrible. Je ferme cette parenthèse.

Et puis la France a ce défi parce que nous-mêmes nous n’arriverons à avancer que si on regarde aussi cette part de Cameroun, cette part d’Afrique et si on arrive enfin à dire à nos diasporas on ne vous demande pas de retrancher cette identité qui est la vôtre. Vous êtes pleinement françaises et français ou binationaux. On dit juste que c’est une immense chance pour la France, pour comprendre ce qui se passe, rayonner, interagir et inventer d’autres choses.

Ce triangle amoureux, si on arrive à le remettre dans le bon sens, c’est immense parce que c’est le seul moyen de réussir pour l’Europe et pour l’Afrique, parce que le continent où nous sommes est le plus vibrant et le plus jeune au monde. Donc il mérite autre chose que de vivre dans les traumatismes qu’on n’a pas su régler.

Notre génération a un double travail : régler les traumatismes du passé qu’on n’a pas su régler et relever les défis du présent et de l’avenir sur la santé, le climat, etc, qui sont devant nous.

Donc on doit travailler deux fois plus dur mais c’est un défi immense. C’est comme ça, pour finir là-dessus, qu’on construira ces récits d’avenir. Moi, comme tu l’as dit, je crois très profondément que l’une des choses qu’on doit faire c’est aider à bâtir cette nouvelle page des récits camerounais et africains. Si on peut, modestement, par petites touches, par des toutes petites aides, parfois des tout petits pas derrière, de l’autre côté, en aidant un tel ou une telle à faire cela, on aura fait un travail immense.

Parce que c’est un défi pour vous mais c’est la clé aussi pour nous. Je ne serai pas plus long, merci infiniment de votre travail.

Et donc, d’abord, on a fait beaucoup de chemin depuis Ouagadougou. On découvre tout ce qui s’est dit ce soir, on va en faire une feuille de route. Il y a des rendez-vous qui sont pris d’ici la fin de l’année sur le climat.

Sur la création, il faut que dès le premier semestre 2023 on lance Création Africa. Sur le Conseil de suivi français, vous êtes parti donc il ne faut pas vous arrêter. On va vous donner les moyens pour continuer et pour avancer. En octobre, on lance officiellement, aux un an, le fonds démocratie. Vous allez me trouver les cas concrets.

C’est à vous de vous débrouiller, mais je ne vous lâcherai pas. Maintenant, travaux pratiques et on avance avec des rendez-vous réguliers. Je veux remercier le président du Conseil pour le boulot fait.

Merci infiniment, on est en train d’écrire une nouvelle page. Je vous aiderai à le faire et on le fera ensemble.

Merci à tous..

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