Les Hommes du Néant, QU’EST-CE QUE LÀ CONJONCTURE ?

CLAUDE WILFRIED

Les Hommes du Néant  QU’EST-CE QUE LÀ CONJONCTURE ? CLAUDE WILFRIED
Les Hommes du Néant QU’EST-CE QUE LÀ CONJONCTURE ? CLAUDE WILFRIED

Dans sa chanson « le pornographe » parue en novembre 1958, le parolier français Georges Brassens dit : « Autrefois quand j’étais marmot, j’avais la phobie des gros mots ». Et si on se souvient bien, nous aussi (et surtout) avons eu affaire à ce type de problème durant notre enfance au Cameroun : des mots exotiques à n’en plus finir, qu’on ne comprenait pas (ou très peu).

Par exemple, quand moi j’étais marmot (garçonnet), il y avait un mot qui revenait souvent : « la conjoncture ».

En 2003, un autre parolier, camerounais cette fois-ci, Longkana Agno Simon (alias Longuè Longuè) signe l’album « Privatisation », où il tente d’expliquer : « Ils nous ont envoyé la conjoncture, on a su gérer ». Mais jusque-là, ça restait un peu flou. Alors dit donc, c’est quoi au juste, la conjoncture ?

ECONOMIA — MORCEAUX CHOISIS,

L’autre souci chez nous, c’est qu’en définissant un mot, les professionnels du secteur vous rendent au contraire les choses encore plus floues. Si vous demandez à un érudit du domaine, il vous répondra : « La conjoncture est la fluctuation de l’activité économique dans une zone donnée sur un intervalle donné ». Alors ici, on va partir d’une image pour que chacun puisse dormir sans migraine :

Supposons que je fabrique des chaussures de marque « Matanga » dans mon village de 100 habitants où tout le monde marche pieds nus. Je suis le seul membre de mon entreprise et je livre 2 à 3 clients par semaine. Puis, au fur et à mesure du bouche-à-oreille, les gens commencent à s’intéresser à mes Matanga et je reçois de plus en plus de commandes, de l’ordre de 10 à 20 par semaine. La bonne nouvelle c’est que ça me rapporte plus d’argent. La mauvaise, c’est que tout seul, je ne peux plus tenir le rythme de fabrication.

La demande est supérieure à l’offre et m’oblige à produire plus : ça s’appelle la « croissance ».

Alors je m’en vais louer un petit studio du quartier que j’aménage en atelier et où j’engage 3 personnes qui vont m’aider à fabriquer les chaussures. L’entreprise s’est donc agrandie et j’ai créé de nouveaux emplois en sortant 3 personnes du chômage. Et puisque les gens achètent de plus en plus, j’ai de plus en plus besoin de personnel (main d’œuvre), et je finis par louer un studio encore plus grand pour loger mes 45 employés. Le chômage a donc reculé de 45 %. On dit que le village connaît une « forte conjoncture. »

Mais à un moment donné, tous les 100 habitants (y compris mes employés), a acheté chacun une Matanga. Je n’ai donc soudain plus de clients. Et si je n’innove pas très vite en fabriquant autre chose dont les gens pourraient avoir besoin, je n’aurai plus d’argent pour payer mes employés. Je suis obligé de tous les licencier. Le chômage avoisine de nouveau les 100 %.

Il n’y a plus d’acheteurs. L’offre devient supérieure à la demande et m’oblige à stopper la production. Ça s’appelle la « décroissance » ou « récession. » On parle alors de « faible conjoncture » ou « conjoncture négative. »

Et puis Pan ! Mon inspiration revient et je lance un second produit : la « Matanga New Génération 4×4 », qui permet de marcher 10 km sur l’eau sans se noyer. Les gens s’intéressent de nouveau à cet autre article et j’emploie du personnel pour le concevoir. Et la machine reprend. On dit que l’économie a été « relancée ». C’est donc ce ping-pong, cette boucle sans fin entre les moments de croissance et les moments de récession qu’on appelle « fluctuations » ou « cycles conjoncturels. »

De façon simplifiée, la conjoncture est donc, en un mot, « l’état de santé d’une économie ». Parfois, elle va bien, parfois elle a le palu.

DU SCRIPT AUX FAITS

Actuellement, l’Allemagne est la première puissance économique d’Europe, avec un PIB (volume de production annuel) de 4 000 milliards de dollars. C’est aussi parce que l’Allemagne est le numéro 1 européen de l’exportation, notamment grâce à son industrie automobile de pointe (Mercedes, BMW, Opel, Audi, MAN, etc.). Puisque les capitalistes ont défini le monde comme un « village planétaire », cela signifie qu’il n’y a pas que dans son pays qu’on peut vendre. Et « exporter », c’est « porter à l’extérieur »

cela explique que 30 % des voitures de la marque Volkswagen (en allemand : voiture du peuple) se vendent en Chine. Avec une clientèle potentielle de 1,3 milliard d’habitants, l’entreprise (ou le pays) est donc en forte conjoncture permanente. Et voilà aussi pourquoi on évite toujours de fâcher les Chinois, car ils tiennent en main, la vie de l’économie européenne. Il leur suffirait de ne plus acheter ces autos et ce serait le chômage de masse à Wolfsburg.

L’année dernière, l’avionneur américain Boeing a annoncé qu’il arrêtait la production de son 737 MAX, en raison d’un terrible désintérêt des acheteurs suite aux deux crashs des compagnies Lion Air en octobre 2018 et Ethiopian Airlines en mars 2019, dus à des défauts techniques, causant la mort de 346 personnes. C’est une perte colossale de 9,3 milliards de dollars, soit 4 % selon le Wall Street Journal, car il faut préciser que le 737 MAX était l’oiseau le plus vendu de la planète.

À l’heure actuelle, plus de 400 exemplaires sont entassés sur le parking de l’usine de Seattle en attente de clients qui ne viennent pas. C’est un excellent exemple de récession.

UNE LEÇON POUR LE CAMEROUN ?

Le pays des crevettes est un asile psychiatrique géant où des politiciens incompétents et au pouvoir depuis Ramsès II, pensent qu’on atteint l’émergence avec une grande gueule et des phrases tordues qui ne veulent rien dire, alors qu’ils n’ont aucun plan de développement précis à court et à moyen terme. C’est la République des hommes du néant, artistes de la diversion pour masquer leur médiocrité séculaire. Prompts à se
rabattre sur des ragots parce que leur propre vacuité les condamne face au miroir.

Ils sont donc adeptes du détournement d’attention pour couvrir les détournements de fonds. Et ils excellent dans le transfert de culpabilité pour faire croire à la masse que le problème est ailleurs et pas eux. Voilà pourquoi on arrive à vous faire brûler un voleur de moto en pleine rue, pendant que vous appelez un voleur du budget de l’État « Excellence ». C’est un pays malade qui doit vite retrouver la raison.

C’est un hôpital de 475 442 km2 qui n’a pas de cycle conjoncturel. Là-bas, la conjoncture est toujours faible, puisque la balance commerciale est toujours déficitaire. Dans l’édition du 7 janvier 2020 de la plateforme <perspective Monde>, les exportations de l’année écoulée étaient de 3 760 milliards de CFA, pour des importations égales au double : 6 600 milliards. Vous comprenez qu’on est hors sujet. Même les produits agricoles sont importés, pourtant on est en zone tropicale et luxuriante.

Les seuls moments d’accalmie ; c’est quand la demande internationale en matières premières est forte c’est le seul endroit au monde où on veut atteindre l’émergence sans industrie, ni secteur des services. Du pur spiritisme.

Les besoins locaux sont exponentiels, mais l’offre est inexistante. Manquer de tout, mais ne rien fabriquer, en plus de laisser la fabrication et la gestion de la monnaie au tuteur français, puisqu’on est encore mineurs et incapables de gérer. Alors le tuteur définit le volume de crédit, la masse monétaire et la valeur de la parité. L’incapacité de prendre ces problèmes à bras le corps est ce qui pousse nos « dirigeants » en peau de casmanga à se tourner vers le Kongossa. C’est ce qui arrive quand on a un programme aussi vide que la distance Terre-Lune.

La seule conjoncture qu’ils connaissent c’est la fluctuation entre Transparency et les PV


EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED

(Aux États-Unis, ils ont les GAFAM [Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft], au Cameroun, c’est la BBC [le bandit, le bouffon et la créature]) — Une Histoire d’achats.

Source: https://www.facebook.com

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