PARLONS DU STATUT PARTICULIER (NOSO)

Concierge de la République

PARLONS DU STATUT PARTICULIER, Concierge de la République
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Devant des problèmes, l’idéaliste propose des solutions qui vont anticiper et résoudre les futurs problèmes – exemple la constitution américaine écrite par des esclavagistes blancs, mais qui aujourd’hui accueille le monde entier. Le réaliste quant à lui, propose des solutions qui se périment après dix ans, ou créent aussitôt de nouveaux problèmes. La particularité du Cameroun est qu’il n’a vraiment produit que des politiciens réalistes, les idéalistes ayant été tués ou contraints à l’exil. Chez nous la diaspora est donc idéaliste, tandis que les gens du pays sont réalistes. C’est comme si le Cameroun est le pays qui a le plus grand nombre de politiciens réalistes d’Afrique. Et comment! Le Ghana par exemple a produit deux idéalistes – d’abord Kwame Nkrumah, et ensuite Jerry Rawlings. Notre pays par contre n’est pas seulement fondé par des porteurs d’œufs, mais dans sa configuration en Afrique centrale, il est au fond, le panier d’œufs de la France – sa plantation. Pire, ceux des politiciens anglophones qui en 1961 se sont ajoutés à la classe dirigeante francophone, ne sont tous que des réalistes – exemple classique, les Foncha et Muna ont fait campagne grossomodo contre l’indépendance du Southern Cameroons, en se basant sur un rapport de 1959 qui disait que le Southern Cameroons n’était pas économiquement viable, pour que cette même région qu’un rapport colonial qui les avait convaincus disait damnée, découvre sur ses cotes le pétrole en 1971. Ils n’avaient pas osé, comme Ahidjo, ils n’oseront jamais, et c’est cela la particularité des politiciens réalistes. Les grands pays sont fondés par des politiciens idéalistes, par des gens qui osent- les USA en sont un, la France de toutes les façons, même la défunte l’Union soviétique, et bien sur des pays comme le Ghana, etc. Mais le réalisme c’est aussi, juridiquement ne mettre en branle que des solutions testées déjà. Cela s’appelle prudence, et est un geste conservateur. On n’ose pas être le premier. Voilà l’approche qui a été prise sur la question de la minorité anglophone au Cameroun – une approche de prudence, conservatrice, réaliste, et celle-ci c’est le statut particulier – suggestion de Maurice Kamto d’abord, proposée au GDN par Edouard Akame Mfoumou.

Le statut particulier est une approche prudente et modeste, faite par un homme prudent et modeste. Elle est prudente parce qu’elle respecte la Constitution du Cameroun, ce qui était l’exigence de Paul Biya quand il ne voulait pas de discussion sur la ‘forme de l’Etat’, Constitution qui en son article 62.2 permet d’appliquer un régime spécifique à certaines régions – le texte dit: ‘la loi peut tenir compte des spécificités de certaines régions dans leur organisation et dans leur fonctionnement’. Elle est modeste, parce qu’elle n’invente rien, mais se penche sur des modèles existants, pour résoudre la crise spécifique telle que posée au Noso – c’est-à-dire elle n’ose pas non plus un modèle plus vaste, qui tiendrait en compte tout le pays pour résoudre la question anglophone, modèle qu’est le fédéralisme. Ne parlons même pas de l’indépendance! Elle a donc, vu sa prudence et sa modestie, c’est-à-dire vu son réalisme, trois exemples qu’elle se donne- le Québec au Canada, l’Irlande du Nord au Royaume Uni, et Hong Kong pour la Chine. Ce sont des exemples disparates, mais qui sont là, que l’on peut regarder, et ainsi copier tant bien que mal. Elle ne prend pas l’exemple de l’Alsace et la Lorraine en France, provinces germaniques et qui sont au cœur de soubresauts extraordinaires – de trois ou quatre guerres dont dont deux guerres mondiales. Cela veut dire en quelques sortes que, ne prenant pas l’exemple de la France, le ‘statut spécial’ tel que proposé évite le piège d’une accusation d’être encore collée sur le modèle français. Elle ne prend cependant pas en compte le fait que, la chaine de sa suggestion, parce qu’elle exclue les demandes d’indépendance et même de fédéralisme qui en novembre 2017 ont transformé la dissidence anglophone en guerre civile, vocalise grosso modo des opinions francophones, dans le principe – textualise donc ce que Paul Biya veut. Et c’est ici que le fait que ces opinions aient été en primeur vocalisées par Maurice Kamto marquent leur couleur francophone, et donc, le fait qu’elles soient dans les faits un autre refus de la voie anglophone. Evidemment Kamto dira après sa libération de prison qu’il s’était déjà éloigné de sa propre proposition vocalisee au GDN par Akame Mfoumou – débat politique.

La résolution d’un problème de manière réaliste veut aussi cependant qu’il soit fondé sur l’analyse de la question tel qu’elle se pose, et de mon point de vue, la question des minorités chez nous est d’abord celle du dynamisme de celles-ci. La minorité anglophone au Cameroun est dynamique, et c’est ce qui la différencie des autres minorités – par exemple les Musulmans, les pygmées, car on nait musulman ou pygmée mais on peut devenir anglophone -, et la raison est la suivante: de manière exponentielle, notre pays s’anglophonise. Il s’anglophonise parce que la population francophone devient de plus en plus anglophone. C’est cette dynamique qui a posé en 2017 et pas en 1971 – quand le pétrole fut découvert au Noso -, le problème que dans leur discours les Anglophones appellent ‘annexation.’ Car l’annexation tel qu’entendue ici n’est pas l’occupation militaire comme celle de l’Ukraine par la Russie, ou alors de l’Irlande par le Royaume Uni. Non, c’est la graduelle mais systématique saturation du Noso par les populations francophones. La mesure de cette saturation, ce sont les écoles anglophones qui sont de plus en plus occupées par des enfants francophones. La perte de vitesse du système francophone sur la terre entière y est pour beaucoup, car en réalité, les anciennes colonies françaises d’Afrique sont les derniers musées du système français. Les populations africaines, camerounaises, quant à elles, ne veulent pas devenir des pièces de musées, et leur vote est actif, elles votent par leurs enfants qu’elles envoient dans le système anglophone. Le dynamisme de la minorité anglophone chez nous est donc démographique. La réponse des Anglophones devant ce dynamisme a été justement les révoltes des avocats et des enseignants dont les systèmes ont le plus résisté à la saturation, mais aussi les demandes de fédéralisme et puis d’indépendance des populations qui ont suivi la réponse de Biya. Réactions négatives, de rejet du système francophone, autant que de protection d’une population anglophone qui se trouvait assiégée par la déferlante de Francophones en quête de futur. Ce dynamisme des populations francophones et anglophones, ne va pas s’arrêter avec le statut spécial du Noso, bien au contraire, car l’anglais lie notre pays a des systèmes hégémoniques – américain, anglais, indien, nigérian, australien, etc. Et là réside toute la différence avec les modèles que le statut spécial regarde, lui qui transforme les Anglophones du Cameroun en pygmées qu’il faut protéger, quand ils sont en vérité nos WASPs à qui il faut donner le leadership – si notre pays veut avoir un avenir autre que celui de la prudence et de la modestie, inscrit depuis trop longtemps dans nos gênes par les politiciens réalistes qui ont écrit nos constitutions, et nous condamnent a la misère centenaire. Le Cameroun est le seul pays sur la terre qui ait une minorité anglophone, c’est-à-dire dont la langue domine le globe.

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Source: https://www.facebook.com

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