A PROPOS DE LA TALIBANISATION DES MILITANTS DU MRC

Concierge de la République

A PROPOS DE LA TALIBANISATION DES MILITANTS DU MRC
A PROPOS DE LA TALIBANISATION DES MILITANTS DU MRC

Je réfléchis depuis longtemps sur ce qui est en train de se passer devant nos yeux, et qui en politique a un nom, le réalignement: d’abord le silence absolu de Kamto après sa sortie de prison, au moment donc où il a le momentum politique, mais aussi les très multiples, trop multiples rates politiques de ceux qui sont allés en prison le 26 janvier 2019, et qui ont pris la parole après leur libération, et cela se cristallise de plus en plus sur un mot ‘taliban’, un mot utilise par Paul Eric Kingue, pas pour désigner les militants du RDPC qui a Sangmelima ont manifesté avec les machettes et chassé des Bamileke, des Bamum, des Nordistes et saccagé leurs boutiques, mais pour designer plutôt les militants du MRC. Et il les a désignées nommément – ‘les militants du MRC.’ J’y réfléchis parce que cette accusation n’est pas moindre, mais surtout parce qu’elle vient de la personne qui, avant l’incarcération collective, était la plus radicale de la coalition: Paul Eric Kingue, digne fils du Moungo, était la tête chaude de la coalition de partis autour de Maurice Kamto, au tempérament qu’on sait modéré, Paul Eric Kingue était le volcan a vrai dire, comme on peut voir dans cette interview de lui au sortir des résultats, au Palais des congres. La sympathie populaire qu’il a attiré ici et là et dont il se vante, est liée, moins à son parcours politique – ancien du RDPC qu’il est -, moins à ses deux incarcérations, a sa passion carcérale donc, car j’ai bel et bien suivi les deux affaires de bout en bout, et sa première incarcération était au final confidentielle, même si elle a fait du bruit. La sympathie populaire pour lui est due exactement au fait de ce qu’il reproche aux militants du MRC – au fait donc, qu’il était un taliban dans la coalition de modérés, un radical comme on dirait, un qui est prêt à en découdre avec le système, avec le système qui l’a fait si souffrir comme on sait. L’ironie est donc que, après sa sortie de prison, il accuse, lui, plutôt les militants du MRC d’être ce qui le rendait sympathique, lui, avant son retour en prison. Vous avez donc compris qu’il se passe quelque chose d’intéressant ici – soit 1) un revirement politique de Paul Eric Kingue devenu soudain modéré, ce qui chez nous est appelle de manière lapidaire trahison, soit 2) un glissement tectonique sous ses pieds.

Je choisis la deuxième hypothèse, je choisis donc le glissement tectonique sous ses pieds, car le monde que les prisonniers du 26 janvier trouvent après leur libération est diffèrent, absolument diffèrent de celui qu’ils ont laissé à leur arrestation pour contestation des résultats de l’élection – dans une blague j’ai dit que ce monde avait un nouveau patron, que les prisonniers découvrent. Pas seulement qu’ils soient mis devant le dictat de participer aux élections. C’est aussi que le principe même de l’élection, et ils sont allés en prison à cause d’une élection, est devenu farfelu, et donc, que toute politique qui tourne autour des élections devient de la pure rigolade. Elle ne fait tout simplement plus sens, car si participer aux élections présidentielles de 2018 permettait de voir la machine de Paul Biya s’embourber comme nous avait expliqué Penda Ekoka avec beaucoup d’intelligence, le faire deux fois, c’est-à-dire. Participer aux municipales et aux législatives est tout simplement de l’escroquerie politique. Et Kingue est sorti un vocal partisan de la participation aux élections. Malgré son tempérament agité, de bruiteur donc, il est en fait politiquement un modéré. C’est donc ici qu’il est facile de se rendre compte que ce qui lui arrive, est déjà arrive, mais de manière confidentielle, a Maurice Kamto lui-même, lors de son interview radio d’il y’a quelques jours. Interview plutôt décevante, mais qui signale ce que j’appelle ce glissement tectonique sous leurs pieds. Et pour cause! Chacun d’entre nous a vu le juriste international qu’il est, l’homme pondéré et de paix, simplement être arrêté et jeté en prison, maintenu en cellule pendant huit mois, trimbalé au Tribunal militaire et puis être libéré comme ça simplement, sous un coup de tête carrément de Biya! Devant une telle manifestation criarde d’injustice qui laisse encore une bonne cinquantaine des leaders du MRC en prison, participer aux élections se révèle être pire que de la filouterie politique, et arrache le cœur a chacun – merde! – c’est du pur bahat. Mamadou Mota est encore en prison, et il y est allé parce que justement il demandait a tout un chacun les 1 et 8 juin de marcher pour libérer Maurice Kamto qui, libre, ne lui rendrait pas la balance! On est ou la?

Je pourrai multiplier des épisodes comme ceux-là: le voyage silencieux de Michèle Ndoki en France ou près de 50,000 ont battu le pave le 18 mai de manière historique, en fait partie. C’est comme si les leaders du 26 janvier évitaient le peuple qui les a portes en triomphe durant leur incarcération et à leur sortie de la prison! J’ai parlé de glissement tectonique, et ici, il est facile de se rendre compte que c’est la deuxième fois que tel glissement tectonique a lieu dans notre pays: la première fois c’était le 23 novembre 2016, avec Ni John Fru Ndi, lui qui était alors exclu des manifestations corporatistes du Consortium, et bientôt des manifestations ambazoniennes des vipers et puis des Amba boys. La suite on la connait: le SDF, qui a essayé de se rattraper par un meeting puis une marche à Bamenda le 6 décembre 2016, est passe absolument à côté de la révolte anglophone, mais surtout de la révolution ambazonienne. Il est passe si a cote de cette révolte que lors de l’élection d’octobre 2018, il a totalement perdu sa base qui, devenue Amba boys, a avec des AK47, empêché aux élections d’avoir lieu, renvoyant le candidat du SDF, Joshua Osih, a la quatrième position, au bénéfice de Maurice Kamto, bien évidemment. Ce glissement tectonique, c’est lui que je vois dans cette talibanisation des militants du MRC, que remarque Paul Eric Kingue. Le monde dans lequel ceux-ci vivent est un monde où ils ont vu les arrestations au faciès quand on est Bamileke, les condamnations à la pelle, des exécutions sommaires de manifestants pacifiques, et puis, la constitution d’une entente cordiale comme lors de la visite du ministre français, fondée sur le génocide – oui, le génocide! Ce monde ne peut pas faire la paix avec des élections municipales ou législatives et les petits positionnements de partis insignifiants, quand il est vécu au pays. Et de l’extérieur, de la diaspora donc, ces activistes qui ont marche et cotise chaque jour quant au pays on ne marchait pas, ne peuvent pas soudain se ranger pour discuter des positions électorales dans le Moungo lointain, alors que le calendrier électoral ouvre sur un tunnel qui débouchera sur des élections présidentielles en… 2025! La talibanisation des militants du MRC dont parle Paul Eric Kingue, c’est ce qui est déjà arrive aux militants du SDF en décembre 2016, aux commencements de la révolution ambazonienne, et en a fait des Amba boys avec à leur tête Field Marshall. Je vois la carrière politique de plusieurs en train de finir devant nous comme du beurre sous le soleil. La raison? Notre peuple ne veut pas les élections, nous voulons la révolution.

Autrement dit: les Bamileke se sont réveillé.

Il était temps, merde!

Concierge de la République

Source: https://www.facebook.com

admin

Next Post

FERDINAND NGOH NGOH: L’HOMME LE PLUS DANGEREUX DU CAMEROUN

dim Oct 27 , 2019
BORIS BERTOLT Il s’appelle Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la Présidence de la République, mais un proche des proches de Chantal Biya. C’est à elle qu’il doit son ascension. C’est Ferdinand Ngoh Ngoh en complicité Avec Mbarga Nguele le patron de la police qui a planifié et organisé l’arrestation […]
FERDINAND NGOH NGOH: L’HOMME LE PLUS DANGEREUX DU CAMEROUN. BORIS BERTOLT

Inscrivez vous à notre Lettre d'information

Articles récents

%d blogueurs aiment cette page :
Verified by MonsterInsights